Le chaperon
Le chaperon est une coiffe très répandue au XVIe siècle. Autant porté par les femmes de l'aristocratie que par celles de la bourgeoisie, il est omniprésent dans le paysage de la Renaissance française, en concurrence avec le chapeau.
Il est né de cette vogue qu'on appelle « templettes », qui était portée depuis la fin du XVe siècle et qui consistait en une sorte de coiffe descendant de chaque côté du visage, jusqu'au bas des joues (1ere figure de droite).
A l'origine constitué principalement d'un bandeau, le chaperon a connu durant tout le XVIe siècle de profondes transformations. Il a notamment beaucoup évolué en épousant les formes successives de la coiffure en raquette.
Dans le courant du règne de François Ier, le bandeau semble se dédoubler. Le chaperon présente alors deux bandeaux superposés l'un sur l'autre (2e figure de droite).
Sous le règne d'Henri II, le chaperon tend ensuite à devenir un bonnet, devenant cette fameuse coiffe que les portraits endeuillés de la reine Catherine de Médicis ont rendu célèbre (3e figure de droite). A cette époque, le chaperon n'était pourtant pas encore systématiquement associé au veuvage.
Le chaperon connaît ensuite une deuxième phase de transformation quand la mode de la coiffure en raquette fit relever les cheveux en hauteur (années 1570 et 1580). Il tend alors à se confondre avec l'attifet.
L'évolution de la mode du chaperon présentée ici, est essentiellement réalisée à partir d'images provenant des dessins de la cour de France ; de fait, elle comporte des aléas puisque certains d'entre eux sont à peine esquissés. Par ailleurs, il est bon de savoir que je les ai retouchés en gommant la silhouette de ces dames et en laissant la voilette de derrière dans une découpe qui ne signifie rien puisque celle-ci est sensée pendre droite derrière le dos (image de droite). La voilette a d'ailleurs tendance à disparaître à partir du règne d'Henri III.
Les années 1520
Les années 1530
Les années 1540
Les années 1550
Les années 1560
Les années 1570
Les années 1580
Les années 1590
Les années 1600
Les années 1610
Les années 1620
Au XVIIe siècle, le chaperon-attifet donne naissance au sommet de la coiffure à un petit appendice que d'aucuns appellent un béguin de veuve.
Devant cet enchaînement continue et fluide de portraits, je tiens à rappeler la complexité des pratiques vestimentaires. Selon le rang de la personne (princesse, moyenne ou petite noblesse, riche ou petite bourgeoisie..), selon le statut (de veuve, de jeune mariée, de matrone..), et selon le style de vie (veuve joyeuse, veuve austère, dévote, femme du monde, vieille femme portant des coiffes démodées...), le chaperon présentait pour chaque époque des aspects variés.
Sous le règne d'Henri IV, le chaperon à la mode présente la particularité d'avoir sur le front un découpage en pointe. Cette tendance est née de la forme des voiles portées par les veuves et qui depuis les années 1570, s'était beaucoup accentuée (voir l'évolution des voiles dans les portraits de la reine Catherine).
A l'aube du Grand Siècle, on la voit essentiellement portée par les bourgeoises, par les vieilles femmes et les veuves.
La voilette qui pendait en appendice derrière le chaperon semble disparaître définitivement, quant à elle, au début du règne de Louis XIII, sous l'apparition de nouvelles formes (images de droite et ci-dessous) :
Coiffes de veuve du premier quart du XVIIe siècle :
Marie de Médicis revêtue de sa tenue de deuil (1610) :