Les adieux à la reine
Ce mois-ci est sorti au cinéma un film original sur la cour de Marie-Antoinette, Les adieux à la reine (de Benoît Jacquot). Je m'écarte un peu de l'époque habituellement traitée sur ce blog pour parler de ce film qui présente l'intérêt de traiter l'Histoire sous une forme nouvelle.
Son originalité est qu'il présente les évènements du 14 Juillet du point de vue des domestiques et qu'il est filmé de façon réaliste, quasiment à la manière d'un documentaire. Il évite la faute grave que commettent beaucoup de films « historiques » qui cherche à expliquer au spectateur le contexte en lui faisant bêtement un cours d'Histoire. Ce n'est pas le cas ici. On a presque envie de dire « Enfin un film d'Histoire crédible! ». Je dis bien « presque »...
Presque, parce que le film est l'adaptation d'un roman (ce dont je ne parlerai pas ici) mais surtout parce que le costume n'a pas été traité avec sérieux. Si le costume est essentiel pour rendre un film historique crédible, ici, l'aspect des vêtements gâche cette crédibilité. La mode de l'époque n'a pas été respectée.
Symbole clinquant de ce décalage, Marie-Antoinette (jouée par Diane Kruger) apparaît avec une haute perruque de coloration blonde platine, laissant une impression qui n'est pas sans rappeler le glamour de Marylin Monroe ou les coiffures de Kirsten Dunst dans la Marie-Antoinette de Sofia Coppola (image de droite). On est là dans une représentation de la reine qui répond aux critères de la mode de notre siècle mais pas à ceux des Lumières.
Ce qui était pardonnable au film de Coppola, l'est beaucoup moins pour Les adieux à la reine. Le film de Coppola assumait son caractère décalé et anachronique. Le coté rose bonbon des costumes participait au style « branché » du film. En revanche, pour les adieux de la reine, on est dans un registre qui se veut plus crédible. Le film s'illustre par le réalisme de la mise en scène et des dialogues, c'est regrettable que le costume n'aille pas dans le même sens. Le choix des costumes casse toute l'originalité du film.
Il y avait pourtant mille façons de coiffer la reine...
Le choix des costumes des adieux de la reine est d'autant plus regrettable que le scénario du film porte plusieurs fois l'attention du spectateur sur l'habit vert de Gabrielle de Polignac (jouée par Virginie Ledoyen). L'histoire aurait gagné en crédibilité si cette robe avait été accordée avec la mode de l'époque...
Les adieux à la reine souffre immanquablement de la comparaison avec La Révolution française (1989) film qui traitait également des évènements de l'été 1789 (quoique de manière plus furtive). Jane Seymour y incarnait une Marie-Antoinette formidable (peut-être la meilleure dans ce rôle ?), aidée par des costumes beaucoup plus respectueux de la mode. La Révolution française est ce genre de film historique qui prouve que le cinéma peut respecter la mode désuète d'une époque sans pour autant paraître ridicule.
Le rapprochement des deux films ne peut être évité. Les adieux à la reine est inspiré de La Révolution française ; la scène principale où Diane Kruger (Marie-Antoinette) serre contre elle Virginie Ledoyen (Polignac) n'est que la reprise de la scène où Jane Seymour enserre dans ses bras Gabrielle Lazure incarnant la princesse de Lamballe (ci dessous à gauche).