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Le costume historique
12 juin 2013

Le couvre-chef à la Renaissance


C'est un exercice périlleux que de vouloir présenter une typologie générale du couvre-chef à la Renaissance. Dans l'état de nos connaissances, la terminologie reste encore parfois confuse. Par ailleurs, la dimension sociale des différents types de couvre-chefs et leur fonction restent encore à étudier. On aimerait connaître pour chacun d'entre eux leur degré de tendance, et savoir déterminer leur fonctionnalité, qu'elle soit sociale ou professionnelle.

De fait, la présentation que je fais du couvre-chef dans cet article ne donne que les grandes lignes générales. Le lecteur n'aura du couvre-chef qu'un aperçu schématique. L'article ne permettra pas de saisir toute la diversité des modes européennes à une date précise. La présentation en détail des différentes tendances sera faite ultérieurement.

Par souci de carté, la présentation est découpée selon les trois grandes périodes qui sectionnent traditionnellement la Renaissance française.

I)   1480-1500

II)  1500-1550

III) 1550-1600

IV) Autres types de couvre-chefs

 

I

La Prémière Renaissance

1480-1500

 

Le bonnet (ou la barrette)

Le bonnet désigne les coiffes souples sans bord. Dans la seconde moitié du XVe siècle, il se porte dressé en hauteur, avec une structure qui permet de le maintenir droit. A la fin du siècle, le bonnet revient à des proportions plus simples, toutefois la structure demeure. Celle-ci apparaît à travers le tissu sous forme de quatre légers plis (notez toutefois que ces plis n'apparaissent pas, ou peu, sur les portraits italiens). Cette armature qui donne une forme au bonnet, devient une mode et sera à l'origine du bonnet carré au XVIe siècle (voir partie IV).

L'autre aspect de la mode est celui du bonnet rebrassé1 (deuxième ligne de portraits ci-dessous). C'est un bonnet dont les bords sont en partie retournés. C'est ce qui donne naissance à la toque.

Le bonnet de 1460 à 1490

Le bonnet rebrassé

 

Le chapeau de feutre

Le chapeau de feutre est un chapeau dont la matière fibreuse et la forme sont façonnés au moyen d'une technique de compression. Le chapeau de feutre peut être doublé par une autre matière (fourrure, velours, etc.). Il peut être décoré par des bouquets de plumes, des aigrettes, des bijoux d'orfèvrerie ou des enseignes. Il existe une grande diversité de formes dont voici, ci-dessous, les principales. Ces couvre-chefs se portent encore au XVIe siècle.

Les chapeaux de feutre

   

 

II
La Haute Renaissance

1500-1550

 

La toque

 

La toque désigne un bonnet avec des bords relevés. Elle apparaît à la fin du XVe siècle (notamment sous le nom de bonnets rebrassés). La toque est l'accessoire phare de la Renaissance. Au commencement du XVIe siècle, elle présente un aspect déjà structuré, c'est-à-dire qu'une structure lui confère une forme régulière.

Evolution de la toqueJusque dans les années 1580, l'aspect de la toque va connaître une évolution continue.

Au début du XVIe siècle, la calotte gonfle et se dote de quatre pointes. Cette tendance donne naissance à des couvre-chefs très volumineux. L'accent se porte alors sur les bords du bonnet. Une pièce de bordure retroussée est rajoutée frontalement au-dessus du visage.

Dans les années 1520, la mode est aux bords larges. Les bords du bonnet sont développés au point de cacher complètement la calotte. Cela explique que cette dernière s'efface.

Dans les années 1530, la calotte s'affaisse et devient plate ; c'est la mode de la toque à fond plat. Les bords de la toque se font plus modestes et dans les années 1540, c'est l'ensemble du couvre-chef qui se fait plus petit. La mode des bords retroussés décline. Ces derniers deviennent étroits et sont affaissés.

Si l'évolution des formes générales de la toque permet de connaître la mode à une époque donnée, elle ne rend pas compte de ses variations typologiques au temps présent. De fait, pour chaque décennie, on peut observer trois façons différentes d'organiser la toque : on trouve la toque avec l'ajout d'un revers sur la partie frontale, la toque sans revers frontal, et la toque avec le rebord frontal tailladé.

C'est donc par souci de clarté que j'ai illustré ci-dessous l'évolution de la mode, par répartition en trois ensembles parallèles :

 

1- Le bonnet à bord relevé

Le bonnet à bord relevé

2 - Le bonnet à bords relevés (le même que le précédent mais avec un bord supplémentaire placé devant la calotte)

Le bonnet à bords relevés

3 - Le bonnet à bords relevés et tailladés (le même que le précédent mais avec les revers découpés en entailles)

Le bonnet à bords tailladés

 

 

 III
La Renaissance tardive

1550-1600

 

La toque

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la toque prend l'aspect d'un bonnet à petit bord, froncé et bouffant. Il se détermine peu à peu comme un vêtement de la cour et à la fin du siècle, il finit par se figer comme accessoire de cérémonie.

La toque de 1550 à 1600

 

Le chapeau de feutre

Le chapeau de feutre présente des formes nouvelles qui ne sont pas sans rappeler certains couvre-chefs de notre époque comme le canotier, le chapeau melon, ou encore le haut-de-forme. Il peut également être en cuir. Le chapeau qui domine la fin du XVIe siècle est le chapeau à haute calotte et à large bord. On parle parfois de chapeau albanais.

Les chapeaux de feutre

 

 

IV
Autres types de couvre-chefs

 

Dans cette partie sont regroupés les couvre-chefs qui sont communs à toutes les périodes de la Renaissance, qui sont sortis des circuits de la mode aristocratique et mondaine, ou qui en sont toujours restés à l'écart (chapeaux liés plus spécifiquement à des catégories socio-professionnelles).

 

La barrette

La barrette est un bonnet doté d'une armature. Au XVe siècle, c'est une mode de cour, mais au XVIe siècle, elle est reléguée comme accessoire d'uniforme des hommes de robe : universitaires, docteurs, hommes de loi et hommes de Dieu, prêtres, cardinaux, etc. (les images présentées ci-dessous sont des portraits de cardinaux, ce qui explique la couleur pourpre de leur barrette). La forme de la barrette ne se fige pas. Vers 1500, le bonnet est déjà structuré par une armature. Comme la toque, la barrette prend du volume et se dote de trois ou quatre pointes. C'est la mode du bonnet carré.

La barette

 

Le calot

Le calot est un bonnet qu'on peut nouer sous le menton par une lanière. Il est souvent porté en-dessous d'un chapeau.

Le calot

 

Le chaperon

Le chaperon est la coiffe emblématique des XIVe et XVe siècles. Bien que totalement abandonné par la mode de la Renaissance, il subsiste encore au XVIe siècle, ça et là, comme vêtement de cérémonie (comme l'uniforme de l'ordre de la toison d'or), ou vêtement caractéristique d'une appartenance socio-professionnelle.

Le chaperon

Le chapeau de paille

Le chapeau de paille est un incontournable depuis l'Antiquité. La largeur de ses bords n'est pas sans rappeler les pétases portés par les Grecs antiques. A la Renaissance, il continue d'être porté dans les campagnes ; il apparaît souvent dans les images représentant les scènes de vie paysanne (l'image ci-dessous présente un chapeau de paille porté sur un calot).

Le chapeau de paille


Notes

1. VENIEL Florent, Le costume médiéval de 1320 à 1480, la coquetterie par la mode vestimentaire XIVe et XVe siècles, Bayeux, Heimdal, 2008, p. 134-137.

Commentaires
T
Merci pour ces informations. J'y ai retrouvé le nom de la toque de Rabelais (barrette), mais je m'interroge encore sur certaines représentations qui le montrent avec un bonnet qui semble être un compromis entre la toque à fond plat et le calot montré ici.
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