La coiffure en raquette
Au XVIe siècle, dans la haute aristocratie française - et par imitation chez les dames de moins haute condition - la mode est marquée par la coiffure en raquette. Coiffés avec la raie au milieu, les cheveux sont relevés sur les tempes formant un coeur que maintient un arcelet. Cette mode qui succède au passe-filon apparaît sur les portraits des femmes de la cour dès la fin du règne de François Ier, mais connaît son épanouissement dans le courant des années 1570. Elle était également appelée coiffure en ratepenade (ce qui signifie chauve-souris). Pendant les guerres de religion, elle était vigoureusement condamnée par les ministres protestants (ce qui n'empêcha pas les grandes dames de la religion de l'adopter).
Dans les années 1550 :
Vers 1565-1570 :
En 1573 :
En 1575 :
En 1578 :
Vers 1580 :
Vers 1590 :
Dans les années 1590 :
De 1597 à 1599 :
De 1600 à 1605 :
Sous le règne d'Henri IV, la coiffure en raquette cède la place à la coiffure en mitre (chapeau lithurgique des prélats dont elle évoque la forme). On parle également pour cette époque de coiffure à la jacobine
Bourgeoisie : le chaperon à bavolet
Au XVIe siècle, pendant que les femmes de la haute aristocratie édifiaient leurs cheveux en raquette, les dames du rang inférieur portaient plus communément le chaperon à bavolet. Il s'agissait d'un escoffion surmonté d'un grand pan de toile se relevant au-dessus du visage et descendant dans le dos.
C'est la coiffe par excellence des femmes de la bourgeoisie. Il affirme à la personne qui la porte une position sociale qui la distingue du populaire. Et contrairement aux femmes nobles plus enclines à dévoiler leur cou et leurs cheveux, le chaperon à bavolet procure aux citadines qui le portent cet effet rangé propre au genre de vie bourgeois.
La mode du chaperon à bavolet existe dès le début du XVIe siècle. On le voit porté par des dames nobles dans les tapisseries du règne de Louis XII. Cette mode serait venue d'Italie au moment des expéditions françaises (Camille Piton parle d'ailleurs de coiffe à l'italienne, mais il convient d'être vigilant avec le vocabulaire).
Le chaperon à bavolet à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle (où l'on voit qu'il peut se porter avec une coiffure en raquette) :
Portraits de dames de la bourgeoisie, années 1570 (ci-dessous)
L'attifet

C'est une mode adoptée par les dames de la noblesse à l'époque des guerres de religion durant cette période d'inclination ascensionnelle qu'ont eue les dames pour la coiffure en raquette. L'attifet peut d'ailleurs servir de support à celle-ci :
Attifet et coiffure en raquette sont deux éléments qui découlent de cette tendance qui consiste durant les années 1570 à former un coeur au-dessus du visage. On les retrouve sur les portraits des dames de la cour de France dès la fin du règne de Charles IX, époque marquée par un renouvellement d'une mode qui atteindra son apothéose à la cour d'Henri III, comme si les temps douloureux qui suivirent le massacre de la Saint-Barthélemy (1572) n'avaient en rien freiné la culture des apparences ; bien au contraire. Une réaction culturelle aux rigueurs du puritanisme protestant ?
L'attifet peut se porter avec un chaperon et tend d'ailleurs à se confondre avec lui. On le voit en illustration sur le portrait de la deuxième dame représentée ci-dessous. Le chaperon apparaît au-dessus de l'attifet en formant une pointe sur le front :
L'attifet vers 1575 :
Comme l'attifet est lié à la coiffure en raquette, il évolue en même temps qu'elle. Au cours des années, il s'agrandit et s'élève vers le haut.
L'attifet vers 1595-1600 :
L'attifet est souvent associé au deuil ou au veuvage pourtant rien ne permet ici de l'affirmer. Bien au contraire. Sur les deux portraits placés ci-dessus, sont représentées deux jeunes femmes qui viennent d'être mariées ou sont sur le point d'être mariées ; Louise duchesse de Montmorency et Catherine de Bourbon, soeur d'Henri IV.
L'attifet semble être davantage un caprice de la mode qu'un accessoire de convenance porté pour marquer un temps d'austérité
A l'étranger, on retrouve le même type d'accessoire porté comme ici par Elisabeth d'Angleterre (ci-contre) qui est connue pour être restée coquette en dépit de son âge avancé.
Le chaperon
Le chaperon est une coiffe très répandue au XVIe siècle. Autant porté par les femmes de l'aristocratie que par celles de la bourgeoisie, il est omniprésent dans le paysage de la Renaissance française. Il est le concurrent le plus redoutable du chapeau.
Il est né de cette vogue qu'on appelle « templettes », qui était portée depuis la fin du XVe siècle et qui consistait en une sorte de coiffe descendant de chaque côté du visage, jusqu'au bas des joues (1ere figure de droite).
A l'origine constitué principalement d'un bandeau, le chaperon a connu durant tout le XVIe siècle de profondes transformations. Il a notamment beaucoup évolué en épousant les formes successives de la coiffure en raquette.
Dans le courant du règne de François Ier, le bandeau semble se dédoubler. Le chaperon présente alors deux bandeaux superposés l'un sur l'autre (2e figure de droite).
Sous le règne d'Henri II, le chaperon tend ensuite à devenir un bonnet, devenant cette fameuse coiffe que les portraits endeuillés de la reine Catherine de Médicis ont rendu célèbre (3e figure de droite). A cette époque, le chaperon n'était pourtant pas encore systématiquement associé au veuvage.
Le chaperon connaît ensuite une deuxième phase de transformation quand la mode de la coiffure en raquette fit relever les cheveux en hauteur (années 1570 et 1580). Il tend alors à se confondre avec l'attifet.
L'évolution de la mode du chaperon présentée ici, est essentiellement réalisée à partir d'images provenant des dessins de la cour de France ; de fait, elle comporte des aléas puisque certains d'entre eux sont à peine esquissés. Par ailleurs, il est bon de savoir que je les ai retouchés en gommant la silhouette de ces dames et en laissant la voilette de derrière dans une découpe qui ne signifie rien puisque celle-ci est sensée pendre droite derrière le dos (image de droite). La voilette a d'ailleurs tendance à disparaître à partir du règne d'Henri III.
Les années 1520
Les années 1530
Les années 1540
Les années 1550
Les années 1560
Les années 1570
Les années 1580
Les années 1590
Les années 1600
Les années 1610
Les années 1620
Au XVIIe siècle, le chaperon-attifet donne naissance au sommet de la coiffure à un petit appendice que d'aucuns appellent un béguin de veuve.
Devant cet enchaînement continue et fluide de portraits, je tiens à rappeler la complexité des pratiques vestimentaires. Selon le rang de la personne (princesse, moyenne ou petite noblesse, riche ou petite bourgeoisie..), selon le statut (de veuve, de jeune mariée, de matrone..), et selon le style de vie (veuve joyeuse, veuve austère, dévote, femme du monde, vieille femme portant des coiffes démodées...), le chaperon présentait pour chaque époque des aspects variés.
Sous le règne d'Henri IV, le chaperon à la mode présente la particularité d'avoir sur le front un découpage en pointe. Cette tendance est née de la forme des voiles portées par les veuves et qui depuis les années 1570, s'était beaucoup accentuée (voir l'évolution des voiles dans les portraits de la reine Catherine).
A l'aube du Grand Siècle, on la voit essentiellement portée par les bourgeoises, par les vieilles femmes et les veuves.
La voilette qui pendait en appendice derrière le chaperon semble disparaître définitivement, quant à elle, au début du règne de Louis XIII, sous l'apparition de nouvelles formes (images de droite et ci-dessous) :
Coiffes de veuve du premier quart du XVIIe siècle :
Marie de Médicis revêtue de sa tenue de deuil (1610) :
Coiffure 1600-1650
La coiffure des femmes de la cour de France de la première moitié du XVIIe siècle est marquée par un affaissement de la masse de cheveux. On passe ainsi d'une coiffure relevée en hauteur à une coiffure tombant sur les oreilles de chaque côté de la tête. C'est la mode des garcettes, petite frange de cheveux coupés droit (2e figure de droite).
Les cheveux finissent par tomber sur les épaules et se présenter sous la forme de serpenteaux (3e figure de droite).
La suite chronologique des portraits ci-dessous présentée est principalement constituée des dessins de Daniel Dumonstier. Il existe bien d'autres portraits de la main de l'artiste (voir le catalogue raisonné de Daniel Lecoeur), mais il convient de faire attention aux portraits datés par le dessinateur, car un certain nombre d'entre eux ont été retouchés et recoiffés quelques années plus tard pour remettre le dessin à la mode du temps.
Les années 1600
Vers 1600-1605
Vers 1605-1610
Les années 1610
Vers 1610-1615 :
Les années 1610
Les années 1620
Vers 1620-1625
Vers 1625
Vers 1627
Les années 1630
En 1630
Les années 1630
Vers 1635
Vers 1636-1640
Les années 1640
De 1641 à 1645
Vers 1645-1650