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Le costume historique

16 novembre 2008

La coiffure des dames de 1500 à 1600


Evolution de la coiffure de 1500 à 1550

Evolution de la coiffure de 1550 à 1600

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11 novembre 2008

La coiffure féminine

La coiffure féminine

Galerie_1550_1600

Galerie_1600_1650

Galerie_1650_1700

6 septembre 2008

La reine Margot en prostituée


Un petit mot pour pointer les exemples d'anachronisme au cinéma. Il ne s'agit pas de remettre en question l'oeuvre et la magnificence de ses costumes. Il s'agit plutôt de montrer les erreurs historiques qui font légion au cinéma en particulier pour les périodes qui vont au-delà du XVIIe siècle.

La reine Margot 

Dans le film de Patrice Chéreau, La reine Margot, la princesse Marguerite de France est habillée avec un costume qui ne correspond ni à l'époque ni au rang du personnage.

Premier point. La scène est sensée se passer en 1572, le jour des noces de la dite princesse. Or celle-ci arbore un décolleté  hors de propos, laissant apparaître les épaules de la jeune fille. Ce qui est aujourd'hui, pour nous, une grâce naturelle ne l'est pas pour l'époque. Un tel costume est impensable pour une princesse d'un si haut rang. Il ne faut pas hésiter à le dire : Marguerite de France est habillée ici comme une vulgaire prostituée.

Le décolleté est bien une spécialité française. Mais dans le courant des années 1550 et 1560, un vent d'austérité en provenance de la catholique Espagne et de la calviniste Genève, l'a fait quasiment disparaître. Certes, dans le courant des années 1570, la reine Margot a contribué a remettre le décolleté à la mode, mais cela n'a été, ni ne pouvait aller aussi loin.

 

Ajout sur la photo d'une gorgerette et de manches

Quelques retouches à la photo permettent de se faire une idée du costume qu'Isabelle Adjani aurait du porter si l'historique de l'oeuvre avait été privilégié à l'esthétique. La poitrine est recouverte en partie par une gorgerette et la gorge, mise à nue, est mise en valeur par une petite collerette. Les bras et épaules sont entièrement recouverts. Malgré les retouches, il y a encore une énormité dans le costume. Il n'y a pas d'épaulettes. Pour la princesse, c'est très grave, car les épaulettes sont à la mode. Dans le courant des années 1570, plus les manches sont gonflées, plus ça fait classe.

Les problèmes de La reine Margot

Dernier point. Dans cette scène, Marguerite laisse retomber ses cheveux sur les épaules. Aujourd'hui, c'est une image agréable à notre regard, mais pour les gens de l'époque, même les plus audacieux, cette coiffure aurait fait l'objet d'un très beau scandale. La mode du temps voulait que les cheveux soient portés relevés en raquette. Marguerite qui était très coquette, était le modèle à suivre en la matière.

Marguerite et Henriette vers 1575Le commentaire est le même pour son "amie" Henriette. La duchesse de Nevers porte dans le film une coiffure qui n'a pas lieu d'être pour le XVIe siècle. Il n'est pas invraisemblable qu'elle portait comme la Reine Margot, une perruque blonde comme on peut le voir sur l'illustration. 

 

13 mai 2008

Les années 1590 Les années 1590 constituent un

Les années 1590

fraise à la confusion portée par TurenneLes années 1590 constituent un tournant pour la fraise puisqu'elle perd du terrain face à la mode du col et que ses formes se diversifient.

Si trois types de fraise se rencontrent dans les années 1590, la tendance générale est à la réduction ; la fraise se fait moins large. La grande fraise est abandonnée ...

1) La fraise à la confusion : elle continue de présenter un enchevêtrement complexe de plis (ci-contre).

  

2) La grande fraise classique : si les godrons continuent de garder une forme plus ou moins horizontale et écrasée...

fraise des années 1590

 ... ils tendent à perdre de leur rigidité. De fait, la fraise tend à se confondre avec la fraise à la confusion.

fraise des années 1590

3) Sous le règne d'Henri IV, on revient également sur les formes que la fraise avait au milieu des années 1570. Il s'agit d'une fraise d'aspect plus traditionnel à godrons verticaux et réguliers. Popularisée par les images d'Epinal qui représentent Henri IV, c'est le type de fraise que le roi porte sur ses portraits des années 1590.

Fraise de 1593 à 1595

Iconographie de Henri IV

Tableau flamand par Frans PourbusCe tableau flamand (ci-contre) illustre les trois formes de fraises pouvant être rencontrées dans les années 1590 (avec des variantes propres à la mode flamande).

A l'étranger, on observe cette même réduction de la fraise à la confusion.

fraise d'Europe du Nord des années 1590

 

13 mai 2008

Les années 1580 La grande fraise godronnée

Les années 1580

 

Henri IIILa grande fraise godronnée continue de se porter durant toute la décennie 1580. Après les excès de dentelle des années 1570, la fraise se présente sans passement dans un ton uni immaculé.

Il faut noter que face à la mode du col rabattu qui la concurrence de plus en plus, la fraise se porte surtout par les gentilshommes français pour les grandes occasions.

Fraises du début des années 1580

Fraise en Angleterre 1580-1586

Aplatissement des godronsDans le courant des années 1580, les godrons de la fraise s'aplatissent. Ils passent d'une forme verticale à une forme horizontale

Fraise des années 1580 à godrons aplatis

 

 

 

La fraise à confusionA l'approche des années 1590, la fraise apparaît plus fréquemment sous la forme d'unefraise à la confusion.

Il s'agit d'une fraise librement froncée, présentant un enchevêtrement de plis au lieu d'un alignement de tuyaux bien réguliers.

années 1580 fraise à confusion 3

Fraises de Hollande en 1588

Les hommes de robe et de lettres portent une fraise bien évidemment plus modeste en largeur :

Hommes de robe et de lettres dans les années 1580

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13 mai 2008

Les années 1570 Les années 1570 constituent en

Les années 1570

1570Les années 1570 constituent en France la phase la plus aboutie de l'épanouissement de la fraise. Dans la première moitié de la décennie, elle poursuit son développement en hauteur avec des godrons des plus en plus grands puis ensuite elle s'étale progressivement en largeur, faisant reposer la tête sur un bloc de plis amidonnés. Elle devient plus que jamais un élément ostentatoire de la mode que chacun individualise par l'ajout de dentelle et de godrons échancrés tantôt dentelés et évasés.

Fraise de 1570 à 1572

Fraise de 1572 à 1575

Dans la seconde moitié de la décennie, c'est en largeur que la fraise s'étend, jusqu'à sa maturité en 1578 :

Fraise de 1575 à 1576 

Fraise de 1576 à 1578

=

Vers 1578 :

1578

On remarque la même évolution à l'étranger, notamment en Angleterre de 1576 à 1579 :

Fraise en Angleterre de 1576 à 1579 

13 mai 2008

A) Evolution détaillée de la fraise (pour homme)

Evolution générale de la fraise (homme)Tableau synoptique de l'évolution de la fraise dans la mode masculine de 1550 à 1600.

 

 

Les origines

La fraise est née du ruché du bord de la chemise (ruché = ce qui est froncé).

Le ruche du col de la chemise vers 1515

Le ruche du col de la chemise vers 1530

 

le_ruche_vers_1547

Le ruché de la chemise se développe dans le courant des années 1530 et 1540.

Il devient particulièrement important dans le courant des années 1550. Mais les plis restent très petits. Il est donc très délicat pour les peintres de l'époque de les représenter sur les portraits. Certaines images sont donc à prendre avec prudence.

 

 

 

 

ruche des années 1550

ruche des années vers 1555En 1555, le ruché déborde largement du col. Mais il reste encore librement froncé. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fraise godronnee en 1558Ce serait à la fin des années 1550 que les fraises godronnées auraient fait leur apparition. Selon F. Boucher, les premières sont fabriquées en Europe du Nord. Mais très vite, elles se répandent dans toute l'Europe occidentale.

En voici un exemple avec le portrait d'un homme fait en 1558. Par l'emploi d'un fer et de l'amidon (colle), les plis de la fraise commencent à adopter une forme ovoïde bien régulière.

 

 

 

Les années 1560

 

 En France

Fraise évolutiondfr

De manière générale, on trouve sur les portraits des années 1560, deux types de collerettes, la collerette ouverte qui a les deux pointes écartées et la collerette fermée qui a les deux pointes qui se rejoignent sous le menton. C'est cette dernière qui va donner naissance à la fraise.

Plusieurs évolutions se remarquent sur les portraits. Premièrement, la collerette ouverte tend à s'effacer face à la collerette fermée. Comme l'épanouissement d'une fleur, elle s'échappe de l'encolure, s'ouvre et s'étend sur les côtés puis disparaît des portraits masculins dans la seconde moitié de la décennie.

Deuxième évolution importante, les godrons s'agrandissent : ils prennent de la hauteur. A une ou deux années près, on peut presque suivre leur évolution sur les portraits.

Portraits des princes de FranceDe 1560 à 1565

Portraits du début des années 1560

Portraits français vers 1565Vers 1565

 

 

 

 

Portraits vers 1566-1568De 1565 à 1570

Portraits de la fin des années 1560

 

En Italie

Portraits italiens vers 1560 à 1565

Portraits italiens vers 1565 à 1567

 

En Europe du Nord

Sur les portraits d'Europe du Nord (Pays-Bas et Angleterre), la collerette a tendance à rester plus longtemps ouverte. Elle se rencontre encore sous cette forme dans la seconde moitié de la décennie (ce qui est moins le cas des portraits français et italiens).

Portraits des Pays-Bas vers 1564-1567

Portraits du Nord de 1566 à 1568

 

 

 

 

 

En Angleterre

Godrons superposés dans la collerette anglaise

La collerette anglaise présente plusieurs particularités. La plus importante est qu'elle présente parfois deux rangées de godrons superposés (image ci-contre et première rangée de portraits ci-dessous).

Par ailleurs, les godrons apparaissent sur les portraits sous une forme ovoïde importante, et ce, dès la fin des années 1550. Autre caractéristique de la mode anglaise, leur rebord sont souvent brodés (du moins, davantage que sur les portraits français).

Portraits anglais de 1559 à 1565 environ

 

 

 

 

 

Portraits anglais de 1562 à 1565

Portraits anglais de 1566 à 1570 environ

 

21 avril 2008

La collerette La collerette est un terme

La collerette

 

La collerette est un terme générique utilisé pour désigner les cols plissés. Au cours du XVIe siècle, elle apparaît sous la forme d'une fraise.

 

I XVIe siècle

L'évolution de la fraise dans la mode masculine :

Evolution de la fraise au XVIe siecle (homme)

Dans la mode féminine, la fraise suit une évolution quasi-similaire :

 Evolution de la fraise au XVIe siecle (femme)

Dans la mode féminine, la collerette proprement dite suit un chemin parallèle :

Evolution de la collerette au XVIe siecle

II XVIIe siècle

Au début du XVIIe siècle, les gentilshommes de France et de l'Europe du Nord de l'Europe portent la fraise à confusion :

Evolution de la fraise à la confusion

10 mars 2008

Col et rabat - XVIe siècle

 Les années 1550

 

 

 

Charles Quint en 1548Dans les années 1550, le col rabattu a la taille que nous lui connaissons aujourd'hui. Il est particulièrement visible, car il se détache du costume sombre et austère qui est propre à ces années (image ci-contre : portrait de Charles Quint assis peint par Titien en 1548, Alte Pinakothek de Munich).

 

 

 

Le col rabattu est également porté en France. Si l'on en juge sa présence sur les portraits des gentilhommes de la cour d'Henri II, il devient l'une des grandes tendances de cette époque. Sur ses portraits officiels, le roi ne porte plus que ce type d'ornement, abandonnant le petit col en fraise qui se voyait encore sur ses portraits au début de son règne.

 France, années 1550

Clouet-montmorencyfrançois22Si la forme du col rabattu semble prédominer la tendance, il apparaît qu'une nouvelle ligne fasse son entrée à la fin de la décennie :

En effet, plusieurs portraits présentent un rabat plus ou moins relevé. Le col n'apparaît pas rabattu le long du cou, mais suspendu en appui sur le revers du collet ou du pourpoint (image ci-contre, portrait au crayon de François de Montmorency). Cette forme est davantage présente sur les portraits des années 1560, mais quelques exemples de portraits de la décennie précédente (quoique non datés de façon précise), permettent de fixer le départ de cette mode à cette époque (images ci-dessous).

Col_France_années_1550

 

 

 

Les années 1560 et 1570

 

 

 En France

 

Les années 1560 et 1570 sont marquées par la tendance de la fraise, mode triomphante qui met le col blanc sur le banc de touche pendant un long moment. Sur leurs portraits, les gentilhommes arborent désormais la collerette.

Le col blanc ne disparaît pas pour autant. Il apparaît encore sur un certain nombre de portraits et l'on peut constater dans les collections de portraits qu'il habille surtout les " hommes de métier " plutôt que des courtisans.

col_relevev2En effet, le col se remarque surtout sur les portraits des hommes de guerre, des hommes de loisdes hommes de Dieu, et des hommes de sciences (ci-contre, portraits du pharmacien Pierre Quthe et du médecin Jacques Daléchamps).

Dans la continuité de la tendance de la décennie précédente, le col est disposé déployé au-dessus du col de l'habit, les bords retombant dans le vide au-dessus des épaules (galerie ci-dessus).

Toutefois, sur la plupart des portraits, en particulier pour les années 1570, le col présente de façon homogène, une ligne assez classique, rabattu le long du cou. Le col rabattu n'est plus une tendance ; il se fige dans une forme standard.

Officiers militaires

(images ci-dessous, portraits de l'amiral de Coligny et du maréchal de Montmorency)

l'amiral de Coligny et le maréchal de Montmorency

Magistrats

(Guy du Faur de Pibrac conseiller d'état, et du chancelier Michel de l'Hospital)

Guy Dufaur de Pibrac et Michel de L'Hospital

Hommes d'Église

(ci-dessous, portraits de l'évêque de Verdun et du cardinal de Lorraine)

l'évêque de Verdun et le cardinal de Lorraine

 

 

 

 

 

 

 

 

Les années 1580

 

En France

 

La prédominance de la fraise et sa taille extravagante amènent inévitablement la mode à se réorienter vers une esthétique plus sobre. Le col rabattu fait son grand retour sur les portraits des gentilshommes de la cour. Peut-être faut-il y voir dans ce regain, le renouveau spirituel de l'époque (la Contre-Réforme) qui amène les nobles, à la suite du roi Henri III, à présenter un style vestimentaire plus sevère. Il est également possible d'y voir l'influence du style italien dans une cour qui est très éprise de culture italienne (langue, arts, théâtre, etc.).

Henri III, 1580Le premier à donner l'exemple est le roi de France lui-même. Les gravures qui diffusent son image dans les années 1580 le représentent principalement avec un col blanc rabattu. Le premier portrait qui marque ce changement de style date de 1580 (image ci-contre ; portrait de Henri III par Thomas de Leu et Jean Rabel, 1580, BnF). A partir de cette époque, le col rabattu devient l'un des ornements privilégiés des gentilshommes de la cour (sans pour autant que soit abandonnée la fraise, en particulier dans sa forme à la confusion).

Cette appropriation du col rabattu par la cour entraîne automatiquement le départ d'une mode évolutive dont les déclinaisons vont s'enchainer sur une période très longue qui va durer pendant 80 à 90 ans.

Evolution de Henri III entre 1578 et 1586Cette évolution peut s'observer sur les portraits du roi Henri III : sur les premiers portraits du roi vers 1580, le tombant est étroit et replié sur le cou. Dans les portraits plus tardifs, le rabat est plus large et déployé au-dessus du col (image comparative ci-contre).

De sorte qu'il est possible de distinguer à travers l'étude d'un corpus de portraits, plusieurs types de cols. Pour les années 1580, je propose d'en distinguer 5. Mais la présentation que j'en fais est purement catégorielle ; elle ne saurait correspondre à une réalité évidemment plus nuancée. Par ailleurs, les formes présentées demeurent spécifiques aux catégories sociales qui ont les moyens de se faire tirer le portrait. Elles ne prennent pas en compte les formes populaires moins empesées.

Enfin, un point commun semble les distinguer de la génération de cols précédents : l'absence de décoration en passementerie. A partir des années 1580, le col a pour caractéristique d'être - en France - d'un ton blanc uni.

 

galerie_typologiquev3

 

 

Philippe Strozzi- Type n° 1 : le modèle classique

C'est le col rabattu dans sa forme la plus classique. C'est le modèle standard tel qu'il est porté dans les années 1560 et 1570. Désuet, il est peu présent sur les portraits des années 1580 (image ci-contre ; portrait de Philippe Strozzi par Pierre Dumonstier vers 1580, Weissgallery). La tendance de cette époque lui préfère une forme courte et fermée qui produit un effet plus sévère (voir le type n° 3), ou sa version plus moderne, aplatie en pointe sur la poitrine (voir le type n° 4). Il apparaît parfois sur les portraits gravés des hommes illustres de ce temps mais ce sont des modèles de représentation plutôt stéréotypés qui ne sont pas forcément le reflet du réel (galerie d'images ci-dessous représentant Biron et trois chefs ligueurs : Guise, père et fils et Mayenne).

Bien que quasi absent des portraits, ce modèle standard est important pour comprendre les autres formes, la tendance étant toujours déterminée par rapport à ce modèle, soit dans la continuité, soit dans l'opposition.

Col_classique

 

 Henri III de Navarre-  Type n° 2 : le col en dentelle

C'est la même forme que le col précédent, mais avec de la dentelle en reticella et des bords en dents. En France, c'est un modèle assez rare. Il ne semble pas avoir été une tendance vestimentaire marquante. Parmi les crayons de la Bibliothèque nationale de France, les portraits où il apparaît, ne sont pas plus de 6 ou 7 (1ère galerie de portraits ci-dessous). Sur l'ensemble de la collection, il ne représente vraiment qu'un faible pourcentage. Par ailleurs, les rares portraits qui l'arborent, semblent appartenir à une période très limitée ; ceux qui sont datés, le sont du tout début de la décennie.

Le fait que ce style se trouve beaucoup sur les portraits anglais (voir les portraits anglais plus loin) oriente les recherches vers la mode outre-Manche. Faut-il considérer, cette tendance comme ayant un caractère proprement "anglais" ? C'est une piste, mais il en existe une autre. Dans la gravure française, le rabat en dentelle a la caractéristique d'habiller uniquement les hommes de guerre. L'association de ce modèle avec les représentations en armure semble systématique (2ème galerie de portraits ci-dessous).

C'est d'ailleurs avec ce type de portrait militaire que le roi de Navarre, chef du parti protestant en France (et futur Henri IV), a été représenté (image ci-dessus). Il est significatif que le col en dentelle n'apparaît pas du tout sur les portraits du roi de France, Henri III, homme de bureau et d'intérieur, tandis que le roi de Navarre, qui le portait, était l'un des principaux chefs militaires de son temps.

France, col en dentelle

Militaire

 

 

 Louis de Gonzague, duc de Nevers- Type n° 3 : le col étroit aux pointes rapprochées

C'est le type de col que portent les prêtres et les hommes de lettres (du moins tel qu'il apparaît dans les portraits ; galerie d'images ci-dessous).  Sa petite taille et sa forme étriquée produisent cet air grave et sevère qui caractérise cette catégorie socio-professionnelle.

C'est avec cette forme de col que le duc de Nevers, Louis de Gonzague se fait représenter (image ci-contre ; portrait d'atelier de Bernardino Campi, Dorotheum, vente de juin 2020). Connu en France pour son engagement dans la reconquête catholique, ce prince dévot a laissé le souvenir d'un homme réfléchi et rigoureux, hostile aux superfluités de la cour et des mignons qui l'animent.

France, prêtres et lettrés

Pantalon de la Comedia dell'arteC'est également ce type de rabat que porte Pantalon, le vieillard avare et ridicule de la Comedia dell'arte, sur cette image peinte vers 1580 (image ci-contre en extrait : Scène de la Commedia dell’Arte, circa 1580, Artcurial, 2013). Sur la partie droite du tableau, le galant jeune homme porte toujours autour du cou la fraise. Celle-ci garde en ce début des années 1580, son caractère d'élégance et de modernité vestimentaire. 

 

- Type n° 4 : le col aux pointes orientées vers la poitrine

Henri III, Pousse Cornet ValoirC'est une tendance qui va à contre-courant du type précédent. Les bouts du rabat tombent en pointe sur la poitrine, dans une ligne assez triangulaire, plus ou moins ostentatoire. C'est le modèle dit pelle à tarte, dénomination employée au XXe siècle, notamment pour désigner la tendance des années 1970  (image ci-contre ; portrait d''Henri III, Vente de Pousse Cornet Valoir, Vente de 2020).

C'est la mode vestimentaire la plus couramment représentée dans les collections de portraits (sélection d'images ci-dessous). Qu'il s'agisse de peinture ou de crayon, ce modèle prédomine dans les années 1580. Cette hégémonie iconographique nous laisse supposer qu'il est la principale tendance de cette époque.

France, 1588-1589

Les trois Guise, circa 1590C'est avec cette forme que sont représentés les trois frères Guise sur le tableau conservé aujourd'hui au château royal de Blois (image ci-contre ; Les trois Guise). Au temps de la Ligue catholique, ce type de rabat est en passe de devenir le modèle standard par excellence.

 

 

 

Henri III, musée Narodowe- Type n° 5 : le col déployé aux pointes écartées

A la fin des années 1580, quelques rares portraits présentent des rabats aux pointes écartées, orientées sur le coté, donnant l'effet d'une ligne horizontale. C'est le point de départ d'une mode qui va durer plusieurs décennies.

Cette tendance est abondamment illustrée par l'iconographie du roi Henri III (image ci-contre en extrait : portrait d'après Dumonstier, musée Narodowe). A l'origine, il s'agit d'un rabat dont les tombants sont simplement déployés au-dessus du col, les pointes retombant légèrement recourbées et retroussées.

années 1580

 

 

  En Angleterre

L'utilisation de la dentelle et de motifs de passementerie s'observait déjà sur les fraises anglaises des années 1550 et 1560. Force est de constater que pour les années 1580, cette façon reste une caractéristique typiquement anglaise. Là, où les portraits français présentent des rabats amidonnés, unis d'un blanc impeccable, les portraits anglais offrent une diversité de modèles très chargés.

Par ailleurs, le rabat anglais se distingue de la mode française par une largeur plus importante, lui donnant un aspect pelle à tarte plus prononcé.

cols anglaisanglais_1586_1589

 

 

 

Les années 1590

 

  En France

 

 

panel_de_rabatvdef

Cette série de quatre portraits appartient à la galerie des illustres du château de Beauregard. Elle représente les hommes d'Henri III passés au service d'Henri IV après l'assassinat du roi en 1589 (Biron père, d'O, le maréchal d'Aumont et Biron fils). Chacun d'entre eux porte un type de col différent. Le premier, porté par le vieux Biron, présente la forme la plus classique, pliée et rabattue sur le cou (voir le type n° 1 des années 1580). Le second, porté par François d'O, ancien mignon du roi, présente le rabat en déploiement comme il peut se remarquer sur la plupart des derniers portraits d'Henri III. Enfin, les deux autres présentent le modèle pelle à tarte selon les deux tendances du moment ; l'une - pointes en bas - arrive à son terme (voir le type n° 4), et l'autre - pointes écartées - portée par le jeune Biron, est en cours de développement (voir le type n° 5).

ligue_vdef1Cette diversité des modes se retrouve sur le tableau du musée Carnavalet représentant une procession de la Ligue à Paris vers 1590 (image ci-contre, en extrait). Dans la foule, en arrière plan, sont représentées juxtaposées les deux principales formes pointues du col au début des années 1590, l'une orientée vers la poitrine (le type n° 4), et l'autre, plus moderne, orientée sur les cotés (le type n° 5). Un troisième personnage, en tête de procession, représentant un homme d'Eglise, probablement un prêtre, porte le col fermé aux pointes rapprochées (le type n° 3). 

 

- le col à pointes orientées vers la poitrine (voir le type n° 4 des années 1580)

Dans les années 1590, c'est une mode en fin de parcours, mais qui s'observe encore sur les portraits. Sa particularité est que le rabat est plié à l'arrière du cou mais déployé devant, aplatie sur la poitrine. Elle présente donc une pliure plus ou moins marquée sur le coté. Le rabat est comme "cassé". Cet effet est renforcé avec la rigidité du col selon le degré d'amidonnage de celui-ci.

1590-1595

 

- le col à pointes écartées (voir le type n° 5 des années 1580)

Le rabat aux pointes écartées domine la mode des années 1590. Elle naît de l'écartement des pointes (1ère ligne de portraits ci-dessous).

Au fil des années, elle est marquée par le développement des tombants qui deviennent de plus en plus large. Cette tendance se poursuivra dans les années 1600 où elle atteindra son faîte.

France, circa 1595-1599France, circa 1595-1599

France, circa 1600

10 mars 2008

Les origines Au début du XVIe siècle, la mode

 

Les origines

 

 

Au début du XVIe siècle, la mode masculine est au décolleté. Les hommes portent un décolleté large allant jusqu'à faire apparaître les clavicules.

Decolleté masculin, début du XVIe siecleDecolleté masculin debut du XVIe siecle

Létice Par temps froid, l'encolure du vêtement peut être garnie par une bande de pelleterie (c'est-à-dire en fourrure) qu'on appelle létice (images ci-contre).

 

 

 

  

 

 

Col montant des années 1528-1532Dans les années 1520, la mode du décolleté décline. Il cède la place à un col montant qui cache et protège le cou (portraits à droite) :

    

 

 

1531Le rabat tient son origine du renversement du col montant. Son coin supérieur est renversé sur le devant. Le col rabattu se présente donc à l'origine comme une sorte de col cassé (image ci-contre : extrait d'un portrait de Charles Quint par Beham, 1531).

 

 

Pays-Bas_1530-31Ce col cassé se remarque aux Pays-Bas sur quelques portraits du début des années 1530 ; c'est encore très discret (images ci-contre : portrait d'un homme par Cornelisz Vermeyen et portraits de Charles Quint par Cranach et Beham) :

 

 

 

 En Italie

 

La femme adultère, c. 1527-29 (musée du Louvre)En Italie, les premières images de col rabattu semblent apparaître dans le courant des années 1520. Faute de portraits datés avec justesse et précision, il est assez difficile de proposer une ligne claire et sûre de son évolution dans le temps (image ci-contre : extrait de La femme adultère par Lotto, 1527-29, musée du Louvre).

 

Portraits italiens, 1520-1530

 

 

 

 

 

 

Cette mode se poursuit dans les années 1530 avec une diversité d'apparence.

¨Portraits italiens, c. 1530-40Ces rabats se présentent souvent avec une décoration de passementerie assez prononcée. Ce soin apporté au rabat montre son importance comme nouvel accessoire à la mode.

 

Portraits italiens, c. 1534-1540Dans les années 1530, le type de rabat le plus courant est de forme triangulaire.

 

 

 

Portraits italiens, c. 1530-40Tout au long de la décennie, il se développe en pointe sur le devant de la poitrine dans une forme allongée qui descend jusqu'au niveau du ventre. Il se présente alors comme deux pans parallèles fixés à l'encolure de la chemise.

Lotto_1528-30_detailIl est difficile de comprendre l'origine de cette mode qui semble déjà présente dans les années 1520 (image ci-contre : détail de la Vierge à l'Enfant avec sainte Catherine et saint Thomas par Lotto, 1528-30, Kunsthistorisches Museum)La pièce se présente moins comme un rabat que comme un pan de tissu rajouté à la chemise. Avait-elle une utilité précise ? Rien n'est moins sûr, car elle ne semble pas être utilisée comme un col cravate qu'on pourrait nouer autour du cou. Ce n'est pas non plus le cordon qui permet de relier les deux bouts de la chemise et de fermer celle-ci.

Portrait d'Europe, c. 1535-1545Cette forme en vogue dans les années trente se poursuit dans les années quarante ; plusieurs portraits montrent qu'elle s'est répandue en Europe ; avec peut-être un décalage d'une décennie (image ci-contre : portraits des années 1540).

 

 

 

 

 

 

 

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