Explication de la vidéo sur la mode 1550-1615 version fraisée
J'écris cet article pour accompagner la vidéo que j'ai posté le mois dernier sur l'évolution de la mode, depuis les années 1550 jusqu'aux années 1610, dans sa version fraisée.
Chaque décennie est représentée par une image. Ici encore, il s'agit surtout de présenter l'évolution de la coiffure et de la collerette et de manière très générale celle de la robe.
Pour les années 1550, l'encolure de la robe reste carrée avec une ligne en arceau. La nudité des épaules s'efface sous une pièce de toile blanche appellée guimpe (image ci-dessous). Le cou s'éclipse derrière un col montant. C'est le froncement des rebords de ce col qui donnera naissance plus tard à la fraise.
Les changements interviennent surtout au niveau des manches ; les bras se dotent de mancherons ; c'est une réaction contre l'ancienne mode des grandes manches à revers ; la traditionnelle robe française n'est désormais plus portée que par les dames âgées, principalement (image ci-dessus à gauche).
Dans les années 1560, la fraise est formée de godrons réguliers qui deviennent de plus en plus grands (image ci-dessous). La coiffure est celle de la coiffure en raquette ; la cornette attachée à l'escoffion se fait plus rare. Les toques plates finissent par être remplacées par des chapeaux haut-de-forme et des bonnets bouffants. Les manches gonflent au niveau des épaules mais restent serrées aux poignets : c'est la mode des manches en gigot...
Les années 1570 constituent une sorte de rampe de lancement pour la mode française ; tout s'accélère : la silhouette s'affine, le corps piqué se rigidifie, et les vêtements gonflent. Bien que la fraise soit très changeante -ce qui était à la mode hier, devient ringard le lendemain - son évolution peut quasiment se saisir à l'année près. La fraise prend de la hauteur, séparant la tête du buste, puis à la fin de la décennie, elle s'étend au point de présenter la tête comme posée sur un plateau. Les cheveux s'élèvent en raquette : au sommet de la tête, derrière la coiffure, se cache un bonnet orné en son centre d'une aigrette.
Les années 1580 sont dominées par l'hypertrophie du costume. Les manches sont ballonnées ; elles se présentent en bouillon, tailladées en petits crevés, puis fendues. Le buste est prisonnier d'un corps baleiné qui se comprime en pointe, encadré par les plis d'une robe bombée ; c'est la mode du corps piqué en pointe et du vertugadin en bourrelet.
La collerette qui a atteint sa taille maximum, se fend en deux, dégageant le cou. Bien qu'il soit difficile d'établir une évolution précise, faute de sources iconographiques datées, on peut constater que les plis de la collerette s'aplatissent, puis quelques temps plus tard, en réaction, ils s'arrondissent.
Au commencement des années 1590, la fraise est formée par une succession de tuyaux complètement cylindriques. Elle revient ensuite à un aspect plus simple, rappelant des formes déjà portées. Elle se rétrécit. Le collier de perle se porte généralement au-dessus de la fraise. La coiffure continue son élévation, formant à la fin de la décennie une coiffure en pain de sucre, ou en mitre.
Si les manches reviennent à des formes normales, la robe conserve en revanche sa forme volumineuse. Elle semble même prendre davantage de contenance. Le vertugadin en bourrelet se recouvre d'un volant froncé, puis devient un vertugadin plat, donnant à la robe une forme de tambour.
Dans les années 1600, la fraise se fait plus rare sur les portraits. Face au succès du collet monté (col Médicis), la fraise s'étiole...
Elle continue pourtant de se porter au commencement des années 1620. Ce sont les derniers renouvellements avant sa complète disparition. Le vertugadin laissé en héritage par le XVIe siècle finira lui aussi par fondre. Quant à la coiffure, depuis le début du nouveau siècle, sa masse s'affaisse...