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Le costume historique
13 mai 2008

Les années 1580 La grande fraise godronnée

Les années 1580

 

Henri IIILa grande fraise godronnée continue de se porter durant toute la décennie 1580. Après les excès de dentelle des années 1570, la fraise se présente sans passement dans un ton uni immaculé.

Il faut noter que face à la mode du col rabattu qui la concurrence de plus en plus, la fraise se porte surtout par les gentilshommes français pour les grandes occasions.

Fraises du début des années 1580

Fraise en Angleterre 1580-1586

Aplatissement des godronsDans le courant des années 1580, les godrons de la fraise s'aplatissent. Ils passent d'une forme verticale à une forme horizontale

Fraise des années 1580 à godrons aplatis

 

 

 

La fraise à confusionA l'approche des années 1590, la fraise apparaît plus fréquemment sous la forme d'unefraise à la confusion.

Il s'agit d'une fraise librement froncée, présentant un enchevêtrement de plis au lieu d'un alignement de tuyaux bien réguliers.

années 1580 fraise à confusion 3

Fraises de Hollande en 1588

Les hommes de robe et de lettres portent une fraise bien évidemment plus modeste en largeur :

Hommes de robe et de lettres dans les années 1580

25 septembre 2011

Quelques images d'un travail en cours !


Bonjour à tous. Comme je n'ai pas posté d'article depuis bien longtemps, j'aimerais vous présenter quelques images du projet sur lequel je suis en train de travailler. Il s'agit d'un montage vidéo qui présentera l'évolution de la mode de 1550 à 1600.  J'y travaille chaque jour depuis un mois. En voici quelques images : 

 

Vers 1550Vers 1570

Vers 1580Vers 1595

 

 

 

 

 

 

 

Ce sont des images qui ne sont pas encore tout à fait terminées. Ci-dessous, en voici d'autres pour lesquelles il y a encore de gros travaux à faire :

ébauches

J'espère avoir fini ce travail, au mieux, dans un mois. A bientôt.

Article modifié en janvier 2012 pour mettre à jour les images.

13 mai 2008

A) Evolution détaillée de la fraise (pour homme)

Evolution générale de la fraise (homme)Tableau synoptique de l'évolution de la fraise dans la mode masculine de 1550 à 1600.

 

 

Les origines

La fraise est née du ruché du bord de la chemise (ruché = ce qui est froncé).

Le ruche du col de la chemise vers 1515

Le ruche du col de la chemise vers 1530

 

le_ruche_vers_1547

Le ruché de la chemise se développe dans le courant des années 1530 et 1540.

Il devient particulièrement important dans le courant des années 1550. Mais les plis restent très petits. Il est donc très délicat pour les peintres de l'époque de les représenter sur les portraits. Certaines images sont donc à prendre avec prudence.

 

 

 

 

ruche des années 1550

ruche des années vers 1555En 1555, le ruché déborde largement du col. Mais il reste encore librement froncé. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fraise godronnee en 1558Ce serait à la fin des années 1550 que les fraises godronnées auraient fait leur apparition. Selon F. Boucher, les premières sont fabriquées en Europe du Nord. Mais très vite, elles se répandent dans toute l'Europe occidentale.

En voici un exemple avec le portrait d'un homme fait en 1558. Par l'emploi d'un fer et de l'amidon (colle), les plis de la fraise commencent à adopter une forme ovoïde bien régulière.

 

 

 

Les années 1560

 

 En France

Fraise évolutiondfr

De manière générale, on trouve sur les portraits des années 1560, deux types de collerettes, la collerette ouverte qui a les deux pointes écartées et la collerette fermée qui a les deux pointes qui se rejoignent sous le menton. C'est cette dernière qui va donner naissance à la fraise.

Plusieurs évolutions se remarquent sur les portraits. Premièrement, la collerette ouverte tend à s'effacer face à la collerette fermée. Comme l'épanouissement d'une fleur, elle s'échappe de l'encolure, s'ouvre et s'étend sur les côtés puis disparaît des portraits masculins dans la seconde moitié de la décennie.

Deuxième évolution importante, les godrons s'agrandissent : ils prennent de la hauteur. A une ou deux années près, on peut presque suivre leur évolution sur les portraits.

Portraits des princes de FranceDe 1560 à 1565

Portraits du début des années 1560

Portraits français vers 1565Vers 1565

 

 

 

 

Portraits vers 1566-1568De 1565 à 1570

Portraits de la fin des années 1560

 

En Italie

Portraits italiens vers 1560 à 1565

Portraits italiens vers 1565 à 1567

 

En Europe du Nord

Sur les portraits d'Europe du Nord (Pays-Bas et Angleterre), la collerette a tendance à rester plus longtemps ouverte. Elle se rencontre encore sous cette forme dans la seconde moitié de la décennie (ce qui est moins le cas des portraits français et italiens).

Portraits des Pays-Bas vers 1564-1567

Portraits du Nord de 1566 à 1568

 

 

 

 

 

En Angleterre

Godrons superposés dans la collerette anglaise

La collerette anglaise présente plusieurs particularités. La plus importante est qu'elle présente parfois deux rangées de godrons superposés (image ci-contre et première rangée de portraits ci-dessous).

Par ailleurs, les godrons apparaissent sur les portraits sous une forme ovoïde importante, et ce, dès la fin des années 1550. Autre caractéristique de la mode anglaise, leur rebord sont souvent brodés (du moins, davantage que sur les portraits français).

Portraits anglais de 1559 à 1565 environ

 

 

 

 

 

Portraits anglais de 1562 à 1565

Portraits anglais de 1566 à 1570 environ

 

30 janvier 2013

La collerette ouverte sur un décolleté


Présentation de la mode de la collerette ouverte en décolleté

sur la gorge ou la poitrine de 1560 à 1600

 

Evolution de la collerette 1560-1600

 

 

Les origines

 

La collerette désigne la pièce de tissu froncée ou plissée, placée au bord de l'encolure et entourant le cou. Elle apparaît dans le courant des années 1530 et 1540, avec la mode du col montant

Elle naît du développement du ruché du col de la chemise, c'est-à-dire de ses bords froncés.

Le présent article s'attachera à présenter les collerettes qui s'ouvrent sur la gorge ou la poitrine.

 

En Italie vers 1530

ruché italien vers 1530

Aux Pays-Bas vers 1540

ruché vers 1540

 En Angleterre vers 1557

Collerette vers 1557

 

 

Les années 1550

 

En France

Marguerite de FranceLa collerette se présente sous deux formes. La première n'est pas sans rappeler les décolletés à jabot : le plissé suit le bord du décolleté, autour du cou et devant la poitrine (première ligne de portrait ci-dessous). Cette forme, caractéristique de la mode française (si l'on en croit les portraits) possède des traits communs avec le décolleté italien. Elle n'apparaît en France que pour les années 1550 uniquement (c'est-à-dire sous le règne d'Henri II). En revanche, elle se voit beaucoup sur les portraits italiens pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle.

La deuxième forme de collerette portée en France dans les années 1550 est plus classique. Elle se porte au bout d'un col dont les deux pointes se présentent écartées (deuxième ligne de portrait ci-dessous).

La collerette ouverte est composée de plis qui se développent avec les années. Comme pour la fraise, elle devient godronnée à la fin de la décennie (et comme pour la fraise, ses rebords sont brodés).

France - années 1550

France - années 1550

PélerineLa collerette se porte également sur la pélerine ; la pélerine est un par-dessus qui recouvre les épaules, et qui est très courant sur les portraits des années 1550 (ci-contre et ligne de portraits ci-dessous). Les plis froncés bordent l'encolure de la pélerine et viennent se juxtaposer à la collerette de la guimpe.

Pélerine - années 50 et 60 environ

 


 

Les années 1560

 

En France

Evolution de la collerette dans les années 1560

 

La collerette continue de s'épanouir. La taille et la forme de ses godrons suit en parallèle la même évolution que ceux de la fraise.

La mode de la guimpe qui s'était imposée dans les années 1550 semble atteindre son apothéose dans les années 1560. C'est du moins ce que présentent le portraits de cette époque. Le décolleté est pour ainsi dire quasi absent ; même si, devant la poitrine, la guimpe se fend parfois légèrement en deux.  Le collier (qu'on appelle aussi le carcan) se porte par dessus la guimpe.

Dames françaises des années 1560

Dames françaises des années 1560

Dames françaises des années 1560

 

Aux Pays-Bas

Les femmes du Nord portent une collerette dont l'évolution est quasiment identique à celle de la mode française (on saisit mieux sur les portraits ci-dessous, l'agrandissement des godrons au fur et à mesure des années), mais leurs portraits plus austères exposent moins la guimpe blanche posée grâcieusement sur les épaules, comme elle est de mise à la cour de France.

Pays-Bas 1560-1565 environ

Pays-Bas 1565-1570 environ

 

 En Angleterre

La mode anglaise se distingue des autres pays par ses collerettes à double rang, ses rebords brodés, et sa forme particulière : Contrairement à la collerette en France et aux Pays-Bas, les pointes du col se rapprochent au lieu de s'écarter, et la collerette dépasse et cache les oreilles.

Angleterre 1560-1565 environ

Angleterre 1562

 

 


 

Les années 1570

 

En France

Evolution de la collerette dans les années 1570

 

Les années 1570 sont marquées par le retour important du décolleté. Les épaules restent toujours couvertes par la guimpe, mais celle-ci se fend largement en deux, laissant le haut de la poitrine en partie découvert. Le collier qui se portait au-dessus de la guimpe, se porte désormais en-dessous, à même la peau.

B Louise de LorraineL'autre tendance dominante de cette époque est l'épaisseur importante de la collerette. Par la taille démesurée de ses godrons et l'orientation de ses plis, elle continue de suivre l'évolution de la fraise. Ceci explique l'aspect massif de la rangée de godrons au milieu de la décennie.

Vers 1573, les plis se dressent pointés vers le ciel, enserrant de près le visage (deuxième ligne de portraits ci-dessous), puis, dans la seconde moitié de la décennie, comme pour la fraise, ils s'allongent sur les côtés (quatrième ligne de portraits ci-dessous).

L'effet visuel rendu par cette évolution est celle d'une collerette qui semble fleurir au fur et à mesure du temps. C'est la la naissance de la collerette en éventail.

Portraits de 1570 à 1573 environDe 1570 à 1575

Portraits vers 1573

Portraits vers 1575Vers 1575

 

 

 

 

Portraits de 1575 à 1578De 1575 à 1580

Fin de la décennie ou début des années 80

 

 

 

 

 

 

 

 

Chez les femmes enceintes, les veuves, et les dames âgées, la collerette peut évidemment se porter sans trop de décolleté, légèrement ouverte sur la gorge ou pas du tout (galerie de portraits ci-dessous).

Dames âgées, enceintes ou veuves

 

En Europe

 

Pays-Bas - années 1570Aux Pays-Bas

 

 

 

 

Florence - années 1570En Italie

Venise - années 1570

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Les années 1580

 

En France

Evolution des années 1580

 

La collerette en éventail connaît dans les années 1580 son déploiement maximal. C'est à cette époque une mode propre à la cour de France, portée et mise en vogue par les reines Marguerite de Valois et Louise de Lorraine (respectivement représentées ci-dessous dans les médaillons).

Comme pour la fraise, la mode est aux plis plats. Mais faute de portraits datés, il est difficile de saisir une évolution précise. Les différents portraits présentés ci-dessous sont regroupés par technique artistique (gravure, peinture et dessin).

Marguerite de valois et Louise de Lorraine

 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

Dames, années 1580

 

 

 

collerette annees 1580

 

Dames françaises des années 1580

 

 

 

 

Dames de la cour

 

 

  En Italie

Seule l'Italie semble adopter une mode proche de celle de la France, mais sans en connaître ses excès. L'Angleterre des années 1580 se caractérise par une absence quasi totale du décolleté dans le portrait (ce qui ne signifie pas que les Anglaises n'en portaient pas). 

 Florence 1580

 

 


 

Les années 1590

 

En France

Evolution de la collerette dans les années 1590

 

Pour les mêmes raisons que la décennie précédente, il est difficile de saisir l'évolution de la collerette à l'année près. Les années 1590 constituent la période de transition pendant laquelle la mode de la collerette passe le relais à celle du collet monté ; les formes qui apparaissent sur les portraits sont d'une grande diversité et cette diversité nuit à la compréhension des tendances.

L'évolution majeure des années 1590 concerne la forme. La collerette des années 80 s'épanouissait en s'allongeant sur les côtés. Celle des années 90 prend un sens totalement inverse. Il se réduit sur les côtés, le premier pli est plus court que ceux qui suivent derrière lui. plis ellipsoïdauxCette mode donne à la collerette la forme d'un fer à cheval.

Au niveau de la forme des godrons, la collerette semble se calquer encore sur la fraise. Sur l'un des portraits présentés ci-dessous, les plis présentent un aspect ellipsoïdal, comme ceux que présente la fraise dans la première moitié de la décennie (détail ci-contre).

Portraits peints des années 1590

 

 

Portraits de 1593 à 1597

Au cours des années 1590, le collet monté remplace progressivement la collerette. Parfois, les deux se portent superposés l'un sur l'autre (peinture de la deuxième ligne de portraits ci-dessous). La forme en fer à cheval demeure.

collet monté 90_v2

 

Portraits de 1590 à 1600 environ

 

En Angleterre

Bénéficiant d’un contexte politique plus agréable, la mode anglaise reprend à son compte ce qui avait fait la caractéristique de la mode française. Elle arbore les décolletés, avec le port de collerettes en éventail particulièrement imposantes. 

Elisabeth - années 1590

Angleterre - années 1590

Angleterre - années 90

13 mai 2008

Les années 1590 Les années 1590 constituent un

Les années 1590

fraise à la confusion portée par TurenneLes années 1590 constituent un tournant pour la fraise puisqu'elle perd du terrain face à la mode du col et que ses formes se diversifient.

Si trois types de fraise se rencontrent dans les années 1590, la tendance générale est à la réduction ; la fraise se fait moins large. La grande fraise est abandonnée ...

1) La fraise à la confusion : elle continue de présenter un enchevêtrement complexe de plis (ci-contre).

  

2) La grande fraise classique : si les godrons continuent de garder une forme plus ou moins horizontale et écrasée...

fraise des années 1590

 ... ils tendent à perdre de leur rigidité. De fait, la fraise tend à se confondre avec la fraise à la confusion.

fraise des années 1590

3) Sous le règne d'Henri IV, on revient également sur les formes que la fraise avait au milieu des années 1570. Il s'agit d'une fraise d'aspect plus traditionnel à godrons verticaux et réguliers. Popularisée par les images d'Epinal qui représentent Henri IV, c'est le type de fraise que le roi porte sur ses portraits des années 1590.

Fraise de 1593 à 1595

Iconographie de Henri IV

Tableau flamand par Frans PourbusCe tableau flamand (ci-contre) illustre les trois formes de fraises pouvant être rencontrées dans les années 1590 (avec des variantes propres à la mode flamande).

A l'étranger, on observe cette même réduction de la fraise à la confusion.

fraise d'Europe du Nord des années 1590

 

9 septembre 2009

Les années 1580 La grande fraise godronnée

Les années 1580

Henri IIILa grande fraise godronnée continue de se porter durant toute la décennie 1580. Après les excès de dentelle des années 1570, la fraise se présente bien mieux sans passement dans un ton uni immaculé.

Il faut noter que face à la mode du col rabattu, elle se porte surtout par les gentilshommes français pour les grandes occasions.

Fraises du début des années 1580

Fraise en Angleterre 1580-1586

Aplatissement des godronsDans le courant des années 1580, les godrons de la fraise s'aplatissent. Ils passent d'une forme verticale à une forme horizontale

Fraise des années 1580 à godrons aplatis

La fraise à confusionA l'approche des années 1590, la fraise apparaît plus fréquemment sous la forme d'une fraise à la confusion.

Il s'agit d'une fraise librement froncée, présentant un enchevêtrement de plis au lieu d'un alignement de tuyaux bien réguliers.

La fraise à confusion à la fin des années 1580

Fraises de Hollande en 1588

Les hommes de robe et de lettres portent une fraise bien évidemment plus modeste en largeur :

Hommes de robe et de lettres dans les années 1580

21 septembre 2009

Les années 1570 Les années 1570 constituent en

Les années 1570

1570Les années 1570 constituent en France la phase la plus aboutie de l'épanouissement de la fraise. Elle poursuit son développement en hauteur dans la première moitié de la décennie et s'étale ensuite progressivement en largeur, faisant reposer la tête sur un bloc de plis amidonnés. Elle devient plus que jamais un élément ostentatoire de la mode que chacun individualise par l'ajout de dentelle et de godrons échancrés tantôt dentelés et évasés.

De 1570 à 1575 :

Fraise de 1570 à 1572

Fraise de 1572 à 1575

Dans la seconde moitié de la décennie, c'est en largeur que la fraise s'étend, jusqu'à sa maturité en 1578.

De 1575 à 1578 :

Fraise de 1575 à 1576

Fraise de 1576 à 1578

Fraise de 1576 à 1577

Vers 1578 :

Fraise de 1577 à 1578

On remarque la même évolution à l'étranger, notamment en Angleterre. Ici, de 1576 à 1579 :

Fraise en Angleterre de 1576 à 1579

13 mai 2008

Les années 1570 Les années 1570 constituent en

Les années 1570

1570Les années 1570 constituent en France la phase la plus aboutie de l'épanouissement de la fraise. Dans la première moitié de la décennie, elle poursuit son développement en hauteur avec des godrons des plus en plus grands puis ensuite elle s'étale progressivement en largeur, faisant reposer la tête sur un bloc de plis amidonnés. Elle devient plus que jamais un élément ostentatoire de la mode que chacun individualise par l'ajout de dentelle et de godrons échancrés tantôt dentelés et évasés.

Fraise de 1570 à 1572

Fraise de 1572 à 1575

Dans la seconde moitié de la décennie, c'est en largeur que la fraise s'étend, jusqu'à sa maturité en 1578 :

Fraise de 1575 à 1576 

Fraise de 1576 à 1578

=

Vers 1578 :

1578

On remarque la même évolution à l'étranger, notamment en Angleterre de 1576 à 1579 :

Fraise en Angleterre de 1576 à 1579 

10 mars 2008

Col et rabat - XVIe siècle

 Les années 1550

 

 

 

Charles Quint en 1548Dans les années 1550, le col rabattu a la taille que nous lui connaissons aujourd'hui. Il est particulièrement visible, car il se détache du costume sombre et austère qui est propre à ces années (image ci-contre : portrait de Charles Quint assis peint par Titien en 1548, Alte Pinakothek de Munich).

 

 

 

Le col rabattu est également porté en France. Si l'on en juge sa présence sur les portraits des gentilhommes de la cour d'Henri II, il devient l'une des grandes tendances de cette époque. Sur ses portraits officiels, le roi ne porte plus que ce type d'ornement, abandonnant le petit col en fraise qui se voyait encore sur ses portraits au début de son règne.

 France, années 1550

Clouet-montmorencyfrançois22Si la forme du col rabattu semble prédominer la tendance, il apparaît qu'une nouvelle ligne fasse son entrée à la fin de la décennie :

En effet, plusieurs portraits présentent un rabat plus ou moins relevé. Le col n'apparaît pas rabattu le long du cou, mais suspendu en appui sur le revers du collet ou du pourpoint (image ci-contre, portrait au crayon de François de Montmorency). Cette forme est davantage présente sur les portraits des années 1560, mais quelques exemples de portraits de la décennie précédente (quoique non datés de façon précise), permettent de fixer le départ de cette mode à cette époque (images ci-dessous).

Col_France_années_1550

 

 

 

Les années 1560 et 1570

 

 

 En France

 

Les années 1560 et 1570 sont marquées par la tendance de la fraise, mode triomphante qui met le col blanc sur le banc de touche pendant un long moment. Sur leurs portraits, les gentilhommes arborent désormais la collerette.

Le col blanc ne disparaît pas pour autant. Il apparaît encore sur un certain nombre de portraits et l'on peut constater dans les collections de portraits qu'il habille surtout les " hommes de métier " plutôt que des courtisans.

col_relevev2En effet, le col se remarque surtout sur les portraits des hommes de guerre, des hommes de loisdes hommes de Dieu, et des hommes de sciences (ci-contre, portraits du pharmacien Pierre Quthe et du médecin Jacques Daléchamps).

Dans la continuité de la tendance de la décennie précédente, le col est disposé déployé au-dessus du col de l'habit, les bords retombant dans le vide au-dessus des épaules (galerie ci-dessus).

Toutefois, sur la plupart des portraits, en particulier pour les années 1570, le col présente de façon homogène, une ligne assez classique, rabattu le long du cou. Le col rabattu n'est plus une tendance ; il se fige dans une forme standard.

Officiers militaires

(images ci-dessous, portraits de l'amiral de Coligny et du maréchal de Montmorency)

l'amiral de Coligny et le maréchal de Montmorency

Magistrats

(Guy du Faur de Pibrac conseiller d'état, et du chancelier Michel de l'Hospital)

Guy Dufaur de Pibrac et Michel de L'Hospital

Hommes d'Église

(ci-dessous, portraits de l'évêque de Verdun et du cardinal de Lorraine)

l'évêque de Verdun et le cardinal de Lorraine

 

 

 

 

 

 

 

 

Les années 1580

 

En France

 

La prédominance de la fraise et sa taille extravagante amènent inévitablement la mode à se réorienter vers une esthétique plus sobre. Le col rabattu fait son grand retour sur les portraits des gentilshommes de la cour. Peut-être faut-il y voir dans ce regain, le renouveau spirituel de l'époque (la Contre-Réforme) qui amène les nobles, à la suite du roi Henri III, à présenter un style vestimentaire plus sevère. Il est également possible d'y voir l'influence du style italien dans une cour qui est très éprise de culture italienne (langue, arts, théâtre, etc.).

Henri III, 1580Le premier à donner l'exemple est le roi de France lui-même. Les gravures qui diffusent son image dans les années 1580 le représentent principalement avec un col blanc rabattu. Le premier portrait qui marque ce changement de style date de 1580 (image ci-contre ; portrait de Henri III par Thomas de Leu et Jean Rabel, 1580, BnF). A partir de cette époque, le col rabattu devient l'un des ornements privilégiés des gentilshommes de la cour (sans pour autant que soit abandonnée la fraise, en particulier dans sa forme à la confusion).

Cette appropriation du col rabattu par la cour entraîne automatiquement le départ d'une mode évolutive dont les déclinaisons vont s'enchainer sur une période très longue qui va durer pendant 80 à 90 ans.

Evolution de Henri III entre 1578 et 1586Cette évolution peut s'observer sur les portraits du roi Henri III : sur les premiers portraits du roi vers 1580, le tombant est étroit et replié sur le cou. Dans les portraits plus tardifs, le rabat est plus large et déployé au-dessus du col (image comparative ci-contre).

De sorte qu'il est possible de distinguer à travers l'étude d'un corpus de portraits, plusieurs types de cols. Pour les années 1580, je propose d'en distinguer 5. Mais la présentation que j'en fais est purement catégorielle ; elle ne saurait correspondre à une réalité évidemment plus nuancée. Par ailleurs, les formes présentées demeurent spécifiques aux catégories sociales qui ont les moyens de se faire tirer le portrait. Elles ne prennent pas en compte les formes populaires moins empesées.

Enfin, un point commun semble les distinguer de la génération de cols précédents : l'absence de décoration en passementerie. A partir des années 1580, le col a pour caractéristique d'être - en France - d'un ton blanc uni.

 

galerie_typologiquev3

 

 

Philippe Strozzi- Type n° 1 : le modèle classique

C'est le col rabattu dans sa forme la plus classique. C'est le modèle standard tel qu'il est porté dans les années 1560 et 1570. Désuet, il est peu présent sur les portraits des années 1580 (image ci-contre ; portrait de Philippe Strozzi par Pierre Dumonstier vers 1580, Weissgallery). La tendance de cette époque lui préfère une forme courte et fermée qui produit un effet plus sévère (voir le type n° 3), ou sa version plus moderne, aplatie en pointe sur la poitrine (voir le type n° 4). Il apparaît parfois sur les portraits gravés des hommes illustres de ce temps mais ce sont des modèles de représentation plutôt stéréotypés qui ne sont pas forcément le reflet du réel (galerie d'images ci-dessous représentant Biron et trois chefs ligueurs : Guise, père et fils et Mayenne).

Bien que quasi absent des portraits, ce modèle standard est important pour comprendre les autres formes, la tendance étant toujours déterminée par rapport à ce modèle, soit dans la continuité, soit dans l'opposition.

Col_classique

 

 Henri III de Navarre-  Type n° 2 : le col en dentelle

C'est la même forme que le col précédent, mais avec de la dentelle en reticella et des bords en dents. En France, c'est un modèle assez rare. Il ne semble pas avoir été une tendance vestimentaire marquante. Parmi les crayons de la Bibliothèque nationale de France, les portraits où il apparaît, ne sont pas plus de 6 ou 7 (1ère galerie de portraits ci-dessous). Sur l'ensemble de la collection, il ne représente vraiment qu'un faible pourcentage. Par ailleurs, les rares portraits qui l'arborent, semblent appartenir à une période très limitée ; ceux qui sont datés, le sont du tout début de la décennie.

Le fait que ce style se trouve beaucoup sur les portraits anglais (voir les portraits anglais plus loin) oriente les recherches vers la mode outre-Manche. Faut-il considérer, cette tendance comme ayant un caractère proprement "anglais" ? C'est une piste, mais il en existe une autre. Dans la gravure française, le rabat en dentelle a la caractéristique d'habiller uniquement les hommes de guerre. L'association de ce modèle avec les représentations en armure semble systématique (2ème galerie de portraits ci-dessous).

C'est d'ailleurs avec ce type de portrait militaire que le roi de Navarre, chef du parti protestant en France (et futur Henri IV), a été représenté (image ci-dessus). Il est significatif que le col en dentelle n'apparaît pas du tout sur les portraits du roi de France, Henri III, homme de bureau et d'intérieur, tandis que le roi de Navarre, qui le portait, était l'un des principaux chefs militaires de son temps.

France, col en dentelle

Militaire

 

 

 Louis de Gonzague, duc de Nevers- Type n° 3 : le col étroit aux pointes rapprochées

C'est le type de col que portent les prêtres et les hommes de lettres (du moins tel qu'il apparaît dans les portraits ; galerie d'images ci-dessous).  Sa petite taille et sa forme étriquée produisent cet air grave et sevère qui caractérise cette catégorie socio-professionnelle.

C'est avec cette forme de col que le duc de Nevers, Louis de Gonzague se fait représenter (image ci-contre ; portrait d'atelier de Bernardino Campi, Dorotheum, vente de juin 2020). Connu en France pour son engagement dans la reconquête catholique, ce prince dévot a laissé le souvenir d'un homme réfléchi et rigoureux, hostile aux superfluités de la cour et des mignons qui l'animent.

France, prêtres et lettrés

Pantalon de la Comedia dell'arteC'est également ce type de rabat que porte Pantalon, le vieillard avare et ridicule de la Comedia dell'arte, sur cette image peinte vers 1580 (image ci-contre en extrait : Scène de la Commedia dell’Arte, circa 1580, Artcurial, 2013). Sur la partie droite du tableau, le galant jeune homme porte toujours autour du cou la fraise. Celle-ci garde en ce début des années 1580, son caractère d'élégance et de modernité vestimentaire. 

 

- Type n° 4 : le col aux pointes orientées vers la poitrine

Henri III, Pousse Cornet ValoirC'est une tendance qui va à contre-courant du type précédent. Les bouts du rabat tombent en pointe sur la poitrine, dans une ligne assez triangulaire, plus ou moins ostentatoire. C'est le modèle dit pelle à tarte, dénomination employée au XXe siècle, notamment pour désigner la tendance des années 1970  (image ci-contre ; portrait d''Henri III, Vente de Pousse Cornet Valoir, Vente de 2020).

C'est la mode vestimentaire la plus couramment représentée dans les collections de portraits (sélection d'images ci-dessous). Qu'il s'agisse de peinture ou de crayon, ce modèle prédomine dans les années 1580. Cette hégémonie iconographique nous laisse supposer qu'il est la principale tendance de cette époque.

France, 1588-1589

Les trois Guise, circa 1590C'est avec cette forme que sont représentés les trois frères Guise sur le tableau conservé aujourd'hui au château royal de Blois (image ci-contre ; Les trois Guise). Au temps de la Ligue catholique, ce type de rabat est en passe de devenir le modèle standard par excellence.

 

 

 

Henri III, musée Narodowe- Type n° 5 : le col déployé aux pointes écartées

A la fin des années 1580, quelques rares portraits présentent des rabats aux pointes écartées, orientées sur le coté, donnant l'effet d'une ligne horizontale. C'est le point de départ d'une mode qui va durer plusieurs décennies.

Cette tendance est abondamment illustrée par l'iconographie du roi Henri III (image ci-contre en extrait : portrait d'après Dumonstier, musée Narodowe). A l'origine, il s'agit d'un rabat dont les tombants sont simplement déployés au-dessus du col, les pointes retombant légèrement recourbées et retroussées.

années 1580

 

 

  En Angleterre

L'utilisation de la dentelle et de motifs de passementerie s'observait déjà sur les fraises anglaises des années 1550 et 1560. Force est de constater que pour les années 1580, cette façon reste une caractéristique typiquement anglaise. Là, où les portraits français présentent des rabats amidonnés, unis d'un blanc impeccable, les portraits anglais offrent une diversité de modèles très chargés.

Par ailleurs, le rabat anglais se distingue de la mode française par une largeur plus importante, lui donnant un aspect pelle à tarte plus prononcé.

cols anglaisanglais_1586_1589

 

 

 

Les années 1590

 

  En France

 

 

panel_de_rabatvdef

Cette série de quatre portraits appartient à la galerie des illustres du château de Beauregard. Elle représente les hommes d'Henri III passés au service d'Henri IV après l'assassinat du roi en 1589 (Biron père, d'O, le maréchal d'Aumont et Biron fils). Chacun d'entre eux porte un type de col différent. Le premier, porté par le vieux Biron, présente la forme la plus classique, pliée et rabattue sur le cou (voir le type n° 1 des années 1580). Le second, porté par François d'O, ancien mignon du roi, présente le rabat en déploiement comme il peut se remarquer sur la plupart des derniers portraits d'Henri III. Enfin, les deux autres présentent le modèle pelle à tarte selon les deux tendances du moment ; l'une - pointes en bas - arrive à son terme (voir le type n° 4), et l'autre - pointes écartées - portée par le jeune Biron, est en cours de développement (voir le type n° 5).

ligue_vdef1Cette diversité des modes se retrouve sur le tableau du musée Carnavalet représentant une procession de la Ligue à Paris vers 1590 (image ci-contre, en extrait). Dans la foule, en arrière plan, sont représentées juxtaposées les deux principales formes pointues du col au début des années 1590, l'une orientée vers la poitrine (le type n° 4), et l'autre, plus moderne, orientée sur les cotés (le type n° 5). Un troisième personnage, en tête de procession, représentant un homme d'Eglise, probablement un prêtre, porte le col fermé aux pointes rapprochées (le type n° 3). 

 

- le col à pointes orientées vers la poitrine (voir le type n° 4 des années 1580)

Dans les années 1590, c'est une mode en fin de parcours, mais qui s'observe encore sur les portraits. Sa particularité est que le rabat est plié à l'arrière du cou mais déployé devant, aplatie sur la poitrine. Elle présente donc une pliure plus ou moins marquée sur le coté. Le rabat est comme "cassé". Cet effet est renforcé avec la rigidité du col selon le degré d'amidonnage de celui-ci.

1590-1595

 

- le col à pointes écartées (voir le type n° 5 des années 1580)

Le rabat aux pointes écartées domine la mode des années 1590. Elle naît de l'écartement des pointes (1ère ligne de portraits ci-dessous).

Au fil des années, elle est marquée par le développement des tombants qui deviennent de plus en plus large. Cette tendance se poursuivra dans les années 1600 où elle atteindra son faîte.

France, circa 1595-1599France, circa 1595-1599

France, circa 1600

10 mars 2008

Le col Le col est la pièce de tissu placée au

Le col

 

Le col est la pièce de tissu placée au bord de l'encolure, couvrant ou entourant le cou. Il fait souvent partie intégrante de la chemise.

C'est une pièce de vêtement très ancrée dans la mode de la Renaissance et du Grand Siècle. Le col fait son apparition dans la première moitié du XVIe siècle. Il se présente à l'origine avec des bords froncés, puis dans la seconde moitié du siècle, il s'impose sous la forme d'un col rabattu (ou collet renversé). Devenu à la fin du siècle un véritable phénomène de mode, il ne va pas cesser de changer de taille et de forme : au XVIIe siècle, on le voît successivement s'agrandir, se soulever, s'étaler sur les épaules, se rétrécir et finalement s'allonger (on parle alors de collet monté, de rotonde, de collet à rabat et de rabat). Agrémenté de dentelle, il devient un objet de luxe et de raffinement, obligeant les autorités à publier des édits somptuaires pour en limiter les excès.

Dans le courant des années 1660, le col est progressivement remplacé par la mode de la cravate. Le rabat continue de se porter mais sans vraiment connaître d'évolution. Il se fige et devient un uniforme de certaines catégories socio-professionnelles comme celles des ecclésiastiques et des hommes de robe (officiers de justice, etc.).

 1600-1640

1650-1699

 

Sommaire :

XVIe siècle (partie 1) : Les origines

XVIe siècle (partie 2) : 2e moitié du siècle (1550-1599)

XVIIe siècle (partie 1) : 1ère moitié du siècle (1600-1649)

XVIIe siècle (partie 2) : 2e moitié du siècle (1650-1669) et épilogue

27 avril 2011

Voici la correction du petit concours organisé ce

Voici la correction du petit concours organisé ce mois-ci. Il s'agissait de retrouver l'image correspondante à la mode de l'année 1570, date à laquelle se déroule l'histoire du film La princesse de Montpensier. La réponse était la n° 4.

Félicitations aux gagnant(e)s !

Voici les images replacées dans l'ordre chronologique de la mode. Seule, la collerette a été modifiée. Les cheveux, les épaulettes et les manches restent identiques à l'image de départ du film.

Vers 1550 (mode Henri II) :

Réponse 2


 

Vers 1570 (mode Charles IX) :

Il s'agissait de la réponse à donner. La collerette est celle qui est pour le film la plus vraisemblable historiquement. Les images qui suivent sont anachroniques pour le film. 

Réponse 4


 

Vers 1580 (mode Henri III) :

Réponse 3


 

Vers 1590-1600 (mode Henri IV) :

Il s'agissait d'un piège, car cette forme de collerette n'est pas sans rappeler celle du milieu des années 1570. Il y a dans cette collerette une certaine réminiscence. La mode est un perpétuel cycle qui reprend à sa manière les formes qui étaient à la mode vingt ans auparavant.    

Réponse 1


Vers 1610 (mode Louis XIII), le grand col Médicis :

Il s'agit d'un col qui a du succès dans les films historiques mais qui est très souvent utilisé à la mauvaise décennie. Ce type de col redressé derrière le cou existait déjà sous Henri II, mais n'avait certainement pas les proportions gigantesques des années 1610.

Réponse 5

4 juillet 2011

Collerette et collet monté


A la suite du jeu concours réalisé au mois d’avril sur le film La princesse de Montpensier, je propose aujourd’hui une présentation de la mode à travers une succession d’images retouchées. Il s’agit de montrer à travers la même photo (celle représentant la princesse de Montpensier incarnée par Mélanie Thierry) l’évolution de la collerette et du collet monté dans la France du XVIe siècle. La première image commence aux années 1550, époque où la collerette commence se développe, aux années 1630, époque où le col se rabat sur les épaules.


Il est important de noter que pour mettre en valeur la continuité des formes, je me suis efforcé de donner une présentation extrêmement simplifiée. En aucun cas, il ne s'agit d'une représentation exhaustive. Vous remarquerez notamment qu’en privilégiant la forme du décolleté, la fraise (collerette fermée) en est totalement absente.  

Les années 1550 :

années 1550 

Les années 1560 :

années 1560

Les années 1570 :

années 1570

Les années 1580 :

années 1580

Les années 1590 :

années 1590

Les années 1600 :

années 1600

Les années 1610 :

années 1610

Les années 1620 :

années 1620

 http://img715.imageshack.us/img715/3703/collerette.jpg

Collerette

7 août 2011

Chapeaux masculins 1550-1600 . Europe

 


Groupe d'hollandais années 1550

Pour compléter un précédent article sur le chapeau français de la seconde moitié du XVIe siècle, voici un relevé de couvre-chefs européens pour la même période. Les images sont prélevées de peintures, dessins et gravures principalement anglais et néerlandais.

L'image ci-contre présente un groupe d'hommes portant majoritairement la toque. Seul un homme se distingue par un chapeau conique haut-de-forme (à droite du tableau). Nous sommes dans les années 1550 environ.

William Cecil presiding over the Court of Wards and LiveriesUne quarantaine d'années plus tard, le même chapeau conique semble s'être généralisé. Sur l'image de droite, la quasi totalité des hommes de ce conseil anglais en possède un. A l'exception de deux d'entre eux qui le portent sur la tête, ils les ont posés sur la table.

 

 

 

 

 

 

 

 Les années 1570

 

 

toque des années 1560-1570

 

 

années 1570 1

années 1570 2

 

 

Les années 1580

 

années 1580

années 1580 2

années 1580 3

années 1580 4

 

Les années 1590

 

années 1590

années 1590 4Groupe d'hollandais en 1599Chapeau avec rebord ou visière années 1580-1590

 Chapeau conique avec large rebord 1580-1590

 

5 février 2012

Explication de la vidéo - robe et manches


Le montage est réalisé à partir de portraits d'époque. Le résultat est donc tributaire de la documentation et de la qualité des images. Si la robe du modèle passe du rouge au noir pour les années 1580 et 1590, c'est parce que je n'avais pas d'autres images convenables à ma disposition.

Par ailleurs, le portrait en pied faisant terriblement défaut en France au XVIe siècle, j'ai dû me rabattre sur des portraits étrangers, anglais principalement.

Ci-dessous, les principaux portraits en pied ou à mi-jambe utilisés dans le montage :

Giovanni Battista Moroni Steven Van Der Meulen Anonyme français George Gower Anonyme français

Pour respecter au maximum les particularités de la mode française, je devais prendre soin de gommer sur ces portraits, les tendances étrangères. Exemple avec le modèle des années 1560 ; utilisant un portrait de la reine Elizabeth, je devais effacer la disposition des cottoires qui se présentent traditionnellement en lacet dans la mode anglaise.

Ci-dessous, le portrait du modèle français et celui de la reine Elizabeth : deux façons distinctes de porter les cottoires.

Colliers français et colliers anglais

cottoiresPortraits de dames anglaises avec les cottoires en lacet :

colliers en lacet

A défaut d'images, mon travail consistait à fusionner deux ou trois portraits ensemble. Dans le modèle des années 1590, j'avais à ma disposition un très beau portrait d'une veuve anonyme française. Pour la rendre moins austère (et plus à la mode), j'ai appliqué sur celui-ci, les crevés et le collier qu'on aperçoit dans un portrait de la même époque représentant Gabrielle d'Estrées (ci-dessous).

Montage pour le modèle 1590

Pour le portrait des années 1600, il fallait appliquer à un portrait de la reine Marie de Médicis, l'image d'un vertugadin en tambour, caractéristique de cette époque (ci-dessous).

Montage pour le modèle 1600

Femme 1580Du coté des manches, la diversité des formes me contraignait à faire des choix. J'optai pour les tendances les plus couramment représentées dans l'art du portrait. Exemple pour le modèle des années 1580, je choisissais de lui mettre des manches bouillonnées, telles qu'on les rencontre dans les portraits gravés du début de la décennie (ci-dessous). 

 Manches bouillonnées des années 1580

Définir la forme des robes présentait moins de difficultés. Il s'agissait de présenter les trois types successifs de vertugadin : le vertugadin en cône, le vertugadin en bourrelet et le vertugadin en tambour (ou en plateau)(ci-dessous).

en pied2

21 avril 2008

La collerette La collerette est un terme

La collerette

 

La collerette est un terme générique utilisé pour désigner les cols plissés. Au cours du XVIe siècle, elle apparaît sous la forme d'une fraise.

 

I XVIe siècle

L'évolution de la fraise dans la mode masculine :

Evolution de la fraise au XVIe siecle (homme)

Dans la mode féminine, la fraise suit une évolution quasi-similaire :

 Evolution de la fraise au XVIe siecle (femme)

Dans la mode féminine, la collerette proprement dite suit un chemin parallèle :

Evolution de la collerette au XVIe siecle

II XVIIe siècle

Au début du XVIIe siècle, les gentilshommes de France et de l'Europe du Nord de l'Europe portent la fraise à confusion :

Evolution de la fraise à la confusion

17 juin 2012

La fraise à la confusion (XVIIe siècle)


Au XVIIe siècle, deux modes de fraise se font concurrence. Il y a d'un côté la fraise classique à godrons, principalement portée dans les pays sous influence espagnole et de l'autre, la fraise à la confusion présentant plusieurs rangs de plis superposés et enchevêtrés les uns dans les autres, et qui est principalement portée dans les pays d'Europe du Nord.

Selon les goûts et les modes, la fraise à la confusion a adopté des formes différentes ; la galerie de portraits placée ci-dessous, présente les grandes phrases de sa transformation : réduction du diamètre, multiplication des plis, élargissement du diamètre et affaissement sur les épaules.

Evolution de la fraise à la confusion

A la mode dès les années 1580, ce type de fraise semble s'imposer au XVIIe siècle, en particulier dans les années 1620, période pendant laquelle elle apparaît sur un grand nombre de portraits. Elle finit par disparaître, du moins pour la France, après 1630.

Ci-dessous, la fraise à la confusion au summum de son succès (portrait d'un Hollandais vers 1627) :

1627 par Jan Anthonisz Van Ravesteyn

 

Les années 1600

En France

 

Portrait d'un magistrat françaisAu commencement du siècle, la fraise à la confusion se caractérise par son étroitesse. La forme qu'elle présente constitue l'achèvement d'une tendance qui depuis les années 1580 rétrécissait sa circonférence.

Elle se différencie également des modes précédentes par ses enchevêtrements de plis de plus en plus épais et denses.

La mode étant un phénomène constamment en mouvement, la fraise devait évoluer dans le sens contraire de la tendance précédente ; avant 1600, elle se réduisait, après 1610, elle s'élargit (on remarque ce même processus de réduction puis d'agrandissement, avec la mode du col rabattu entre 1630 et 1660).

Portraits d'Henri IV

années 1610

 

Les années 1610

 En France

 

Louis XIII vers 1616Dans le courant des années 1610, la fraise à la confusion continue de s'élargir et de s'épaissir. Elle forme désormais à la base de la tête un bloc compact qui semble la maintenir solidement.

A la fraise montée sur armature, succède une fraise directement posée sur le toit des épaules.

C'est l'époque de la régence de la reine Marie de Médicis. La mode française n'est pas encore tout à fait libérée de l'influence espagnole ; concurremment à la fraise à la confusion, la fraise à godrons se rencontre encore beaucoup sur les portraits (un article lui sera un jour consacrée).

années1610

 

Les années 1620

En France

Le roi

La fraise poursuit son affaissement sur le toit des épaules. Ses plis retombent toujours plus loin vers le bas.

Dans la seconde moitié de la décennie, ils forment comme un cône sur lequel serait plantée la tête. Cette forme connaît un grand succès dans la seconde moitié des années 1620.

Après 1630, cette mode s'étiole et s'éteint. La fraise à la confusion disparaît alors complètement des portraits français.

 

Dessins Dumonstier

 

 

 

 

Louis XIII

Portraits français années 1620


NB : Cet article est la reprise d'un article publié le 1er novembre 2008 (et supprimé)

17 juin 2012

La fraise à la confusion en Europe du Nord (XVIIe siècle)


Dans les pays d'Europe du Nord voisins de la France, la mode de la fraise à la confusion présente des évolutions similaires. Toutefois, on remarquera que les modes ne sont pas toujours au même stade de mutation et que des différences notables apparaissent dans les formes. Voici quelques élements qui permettent de distinguer un portrait anglais ou hollandais d'un portrait français...

 

Les années 1600

 

En Angleterre

L'amiral John Browne en 1604Dans les années 1590, la fraise anglaise avait la particularité de se présenter sous la forme d'un bol au fond duquel émergeait la tête. La fraise des années 1600 garde des souvenirs de cette forme qui en Angleterre est très prononcé sur les portraits.

Portraits anglais 1600-1608

 

 

 

 

 

Aux Pays-Bas

1603 un Hollandais (fraise démodée)Au regard de la mode française, les fraises hollandaises accusent un retard très prononcé ; elles sont encore larges et constituées de grands plis.

Le portrait d'un botaniste hollandais placé ci-contre et daté de 1603, présente un exemple parfait de fraise à la confusion désuète et au regard de la mode française complètement démodée.

Portraits hollandais années 1600

 

 

 

 

 

 

Les années 1610

 

 En Angleterre

Gentilhomme anglais vers 1620Dans les années 1610, la fraise anglaise a encore une forme en bol, mais peu à peu, comme en France, ses plis s'affaissent.

La fraise anglaise a pour originalité d'être souvent ouverte sur le devant, laissant apparaître les lacets qui permettent de l'attacher autour du cou (exemple ci-contre et deuxième ligne de portraits ci-dessous). C'est une caractéristique qui existait déjà sur les portraits anglais du XVIe siècle.

La fraise est également influencée par la collerette que portent les dames anglaises et qui présente la particularité d'avoir des plis courts et tombant sur le devant et de monter haut derrière la tête. Cette originalité marque les portraits anglais jusqu'au début des années 1620 (voir les deux dernières lignes de portraits ci-dessous).

Portraits anglais années 1610

 

 

 

Portraits anglais années 1610

Portraits anglais 1617-1620

Dames anglaises années 1610

 

Aux Pays-Bas

Portraits hollandais années 1610

 

Les années 1620

 

En Angleterre

Gentilhomme anglais années 1620

Comme en France, les plis de la fraise retombe sur le toit des épaules. Ils s'effrondrent jusqu'à se rabattre verticalement le long du cou.

Au terme de la décennie, la fraise à la confusion ne connaît plus d'évolution.

Portrais anglais 1620-1622

Le roi Charles d'Angleterre

Gentilshommes anglais 1625-1630

 

Aux Pays-Bas

 

Les Pays-Bas ont l'originalité de présenter deux modes de fraise à la confusiPortrait d'un Hollandais en 1629on.

La première présente un épais entassement de plis, large et massif comme on en trouvait auparavant en France et en Angleterre. Les habitants des Provinces-Unies poursuivent cette mode en lui donnant un aspect volumineux (première ligne de portraits ci-dessous).

La seconde est la mode courant en France et en Angleterre, celle plus moderne qui présente des plis retombant sur le toit des épaules (deuxième ligne de portraits ci-dessous).

Le portrait de droite, daté de 1629, présente une fraise qui semble être le résultat de fusion des deux modes.

Portraits hollandais 1620-1629

Portraits hollandais 1623-1627

 

Les années 1630

 

En Angleterre, la fraise à la confusion finit par devenir désuète. Elle apparaît encore ici et là sur quelques portraits, avant d'être définitivement remplacée par le grand col rabattu.

En revanche, aux Pays-Bas, la fraise à la confusion poursuit plus que jamais sa carrière. Le portrait de groupe placé ci-dessous montre la place prépondérante qu'occupe encore la fraise à cette époque. Daté de 1632, le tableau a l'intérêt de présenter les trois types de col et de collerette alors à la mode : la fraise à la confusion étalée sur les épaules (1), le grand col rabattu (2), la haute fraise à la confusion qui, désuète, est portée par le plus âgé des trois personnages peints (3).

1632 Compagnie du capitain Cloeck

Sur les portraits des années 1640, la fraise n'apparaît plus qu'autour du cou des vieillards (exemple ci-dessous) :

La célébration de la paix de Munster en 1648La célébration de la paix de Munster en 1648

21 février 2010

Bourgeoisie : le chaperon à bavolet

 


Chaperon à bavoletAu XVIe siècle, pendant que les femmes de la haute aristocratie édifiaient leurs cheveux en raquette, les dames du rang inférieur portaient plus communément le chaperon à bavolet. Il s'agissait d'un escoffion surmonté d'un grand pan de toile se relevant au-dessus du visage et descendant dans le dos.

C'est la coiffe par excellence des femmes de la bourgeoisie. Il affirme à la personne qui la porte une position sociale qui la distingue du populaire. Et contrairement aux femmes nobles plus enclines à dévoiler leur cou et leurs cheveux, le chaperon à bavolet procure aux citadines qui le portent cet effet rangé propre au genre de vie bourgeois.

 

 

La nourrice de Louis XIII portant un chaperon à bavoletLa mode du chaperon à bavolet existe dès le début du XVIe siècle. On le voit porté par des dames nobles dans les tapisseries du règne de Louis XII. Cette mode serait venue d'Italie au moment des expéditions françaises (Camille Piton parle d'ailleurs de coiffe à l'italienne, mais il convient d'être vigilant avec le vocabulaire).

 

Le chaperon à bavolet à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle (où l'on voit qu'il peut se porter avec une coiffure en raquette) : 

Le chaperon à bavolet dans la seconde moitié du XVIe siècle

Le chaperon à bavolet entre les deux siècles

 

Portraits de dames de la bourgeoisie, années 1570 (ci-dessous)

Bourgeoises, années 1570

7 juillet 2010

L'attifet


Anne d'Este duchesse de Guise et de Nemours vers 1570Le terme attifet désigne pour le XVIe siècle la coiffe formant un arc de chaque côté du front.

C'est une mode adoptée par les dames de la noblesse à l'époque des guerres de religion durant cette période d'inclination ascensionnelle qu'ont eue les dames pour la coiffure en raquette. L'attifet peut d'ailleurs servir de support à celle-ci :

Catherine de Bourbon vers 1580-1590Attifet et coiffure en raquette sont deux éléments qui découlent de cette tendance qui consiste durant les années 1570 à former un coeur au-dessus du visage. On les retrouve sur les portraits des dames de la cour de France dès la fin du règne de Charles IX, époque marquée par un renouvellement d'une mode qui atteindra son apothéose à la cour d'Henri III, comme si les temps douloureux qui suivirent le massacre de la Saint-Barthélemy (1572) n'avaient en rien freiné la culture des apparences ; bien au contraire. Une réaction culturelle aux rigueurs du puritanisme protestant ?

L'attifet peut se porter avec un chaperon et tend d'ailleurs à se confondre avec lui. On le voit en illustration sur le portrait de la deuxième dame représentée ci-dessous. Le chaperon apparaît au-dessus de l'attifet en formant une pointe sur le front :

L'attifet vers 1575 :

Dames avec attifet vers 1575

Dames avec attifet vers 1595Comme l'attifet est lié à la coiffure en raquette, il évolue en même temps qu'elle. Au cours des années, il s'agrandit et s'élève vers le haut.

L'attifet vers 1595-1600 :

L'attifet est souvent associé au deuil ou au veuvage pourtant rien ne permet ici de l'affirmer. Bien au contraire. Sur les deux portraits placés ci-dessus, sont représentées deux jeunes femmes qui viennent d'être mariées ou sont sur le point d'être mariées ; Louise duchesse de Montmorency et Catherine de Bourbon, soeur d'Henri IV.

Elisabeth IeerL'attifet semble être davantage un caprice de la mode qu'un accessoire de convenance porté pour marquer un temps d'austérité

A l'étranger, on retrouve le même type d'accessoire porté comme ici par Elisabeth d'Angleterre (ci-contre) qui est connue pour être restée coquette en dépit de son âge avancé.

2 janvier 2011

Chapeaux masculins 1550-1600


AAprès le règne autoritaire de la toque, on a pour la seconde moitié du XVIe siècle, l'irruption dans la mode d'une grande vague de chapeaux à rebords aux formes plus ou moins volumineuses. D'une grande diversité d'aspects (selon leur origine, notamment campagnarde ou urbaine), ces nouveaux chapeaux finissent par s'imposer à la cour et à supplanter la toque sous le règne d'Henri III.

Il paraît difficile de retracer une évolution des formes du chapeau tant le couvre-chef a dans le seconde moitié du siècle, de formes variées. Cette nouvelle présentation chronologique ne saurait être pour chaque décennie un panel représentatif. Mais à travers elle, on peut tenter de dégager des ensembles. On remarquera ainsi que les chapeaux du XVIe ne sont pas sans nous rappeler certains couvre-chefs du XIXe siècle comme les canotiers, les chapeaux haut-de-forme et même les chapeaux melon.

Chapeau vers 1550-1560La forme la plus persistante de cette période semble être le chapeau à haute calotte, formant un cône arrondi plus ou moins élancé au-dessus de la tête. Il en existait déjà sous Henri II (images ci-contre à gauche), mais ce type de chapeau finit par s'imposer dans les années 1580 avec de larges rebords.

On parle pour cette époque de chapeau albanais.

 

Les années 1560

Chapeaux à calotte arrondie des années 1560 

Chapeaux à calotte plate des années 1560

 

Les années 1570

 

années 1570années 1570années 1570

années 1570 

 

Les années 1580

dessin

petit chapeau des années 1580

Cour d'Henri III

 

Les années 1590

hommes d'Henri IIIHenri IV et ses gens

Années 1590

Chapeaux de type albanais portés par Henri IV ; de Bèze

3 novembre 2011

Quelques images d'un travail en cours ! (2)


Plus d'un mois est passé et je n'ai toujours pas terminé mon ouvrage. Malgré le temps que j'y passe, je suis bien forcé de reconnaître que je suis encore loin de l'avoir fini. Bien que le plus gros soit fait, il me faudrait encore un mois supplémentaire.

Cela s'explique notamment par le fait que j'ai rallongé le champ chronologique de mon projet. J'ai décidé de le terminer en 1610.

Comme la fois dernière, je vous propose plusieurs images (que je dois encore retoucher pour supprimer quelques imperfections)..

Femme 1560Femme1585

Femme 1600femme_1610

 Article modifié en décembre 2011 pour mettre à jour les images.

25 février 2012

Explication de la vidéo - coiffure et collerette


Les sourcesA travers la vidéo, je m'étais donné le but de faire une présentation quasi annuelle de l'évolution de la coiffure et de la collerette. Pour y parvenir, notre époque a la chance de posséder une très grande quantité de portraits de cour, en particulier de dessins. Clouet, Quesnel, Dumonstier et les autres, constituent une source primordiale pour tenter de reconstituer la mode.

Le problème est qu'un grand nombre de ces portraits ne sont pas datés. Si, parfois, on parvient à les situer dans le temps à une année près - par comparaison et déduction - pour d'autres, c'est beaucoup plus vague. C'est ce qui explique que j'ai hésité à mettre sur la vidéo un décompte des années. Autant le reconnaître, c'est parfois très aléatoire.

datationC'est le cas des années 1550 (ci-dessous). Malgré le corpus de portraits existants, faute de portraits datés, je ne suis pas parvenu à replacer la mode dans le temps. On devine son évolution mais on ne parvient pas à la dater avec précision (à supposer que la mode se date à l'année près). A ce propos, je dois reconnaître que si je fais commencer la vidéo à l'année 1550, l'apparition de la guimpe telle qu'on la voit fleurir sur les épaules de la jeune femme, se retrouve sur les portraits dès les années 1540.

La difficulté de créer une suite logique tient aussi de la diversité et la fluctuation des façons. Entre le décolleté, le col fermé et ouvert, le ruché et le col rabattu, il faut faire un choix.

années 1550

Les années 1560 et 1570 (ci-dessous) présentaient moins de difficultés de reconstitution. La mode de la coiffure et de la collerette peut quasiment se saisir à l'année près.

années 1560

années 1570

Pour les années 1580 (ci-dessous), je me suis retrouvé de nouveau mis en difficulté par l'absence de portraits datés. Et surtout, les portraits en décolleté se font plus rares. La reconstitution de son évolution sur la vidéo est donc totalement hypothétique.

années 1580

Portrait daté de 1587Par ailleursvers 1587-1590, on distingue à la fin des années 1580 une rupture dans le montage qui n'a rien de naturel. Cela s'explique qu'à partir de cette période, on a sur les portraits le retour en force des fraises avec des godrons de formes volumineuses, carrées ou rondes (ci-contre), tendance qui s'ajoute aux modes précédentes sans les remplacer complètement.

De fait, pour les années 1590, la difficulté tenait de la diversité des formes, avec le passage d'une collerette godronnée à un collet monté. En revanche, la coiffure peut être reconstituée avec plus de précision.

années 1590

Pour les années 1600, faute de portraits datés, la présentation de la mode du collet monté est également hypothétique. On constate qu'en dix ans, elle a tendance à s'agrandir et à s'élever haut derrière la tête.

années 1600

1 octobre 2012

Explication de la vidéo sur la mode 1550-1615 version fraisée


Femme en mode François IerJ'écris cet article pour accompagner la vidéo que j'ai posté le mois dernier sur l'évolution de la mode, depuis les années 1550 jusqu'aux années 1610, dans sa version fraisée.

Chaque décennie est représentée par une image. Ici encore, il s'agit surtout de présenter l'évolution de la coiffure et de la collerette et de manière très générale celle de la robe.

Pour les années 1550, l'encolure de la robe reste carrée avec une ligne en arceau. La nudité des épaules s'efface sous une pièce de toile blanche appellée guimpe (image ci-dessous). Le cou s'éclipse derrière un col montant. C'est le froncement des rebords de ce col qui donnera naissance plus tard à la fraise.

Les changements interviennent surtout au niveau des manches ; les bras se dotent de mancherons ; c'est une réaction contre l'ancienne mode des grandes manches à revers ; la traditionnelle robe française n'est désormais plus portée que par les dames âgées, principalement (image ci-dessus à gauche).

Mode années 1550

Dans les années 1560, la fraise est formée de godrons réguliers qui deviennent de plus en plus grands (image ci-dessous). La coiffure est celle de la coiffure en raquette ; la cornette attachée à l'escoffion se fait plus rare. Les toques plates finissent par être remplacées par des chapeaux haut-de-forme et des bonnets bouffants. Les manches gonflent au niveau des épaules mais restent serrées aux poignets : c'est la mode des manches en gigot...

Mode années 1560

Les années 1570 constituent une sorte de rampe de lancement pour la mode française ; tout s'accélère : la silhouette s'affine, le corps piqué se rigidifie, et les vêtements gonflent. Bien que la fraise soit très changeante  -ce qui était à la mode hier, devient ringard le lendemain - son évolution peut quasiment se saisir à l'année près. La fraise prend de la hauteur, séparant la tête du buste, puis à la fin de la décennie, elle s'étend au point de présenter la tête comme posée sur un plateau. Les cheveux s'élèvent en raquette : au sommet de la tête, derrière la coiffure, se cache un bonnet orné en son centre d'une aigrette.

Mode années 1570

Les années 1580 sont dominées par l'hypertrophie du costume. Les manches sont ballonnées ; elles se présentent en bouillon, tailladées en petits crevés, puis fendues. Le buste est prisonnier d'un corps baleiné qui se comprime en pointe, encadré par les plis d'une robe bombée ; c'est la mode du corps piqué en pointe et du vertugadin en bourrelet.

La collerette qui a atteint sa taille maximum, se fend en deux, dégageant le cou. Bien qu'il soit difficile d'établir une évolution précise, faute de sources iconographiques datées, on peut constater que les plis de la collerette s'aplatissent, puis quelques temps plus tard, en réaction, ils s'arrondissent.

Mode années 1580

Au commencement des années 1590, la fraise est formée par une succession de tuyaux complètement cylindriques. Elle revient ensuite à un aspect plus simple, rappelant des formes déjà portées. Elle se rétrécit. Le collier de perle se porte généralement  au-dessus de la fraise. La coiffure continue son élévation, formant à la fin de la décennie une coiffure en pain de sucre, ou en mitre.

Si les manches reviennent à des formes normales, la robe conserve en revanche sa forme volumineuse. Elle semble même prendre davantage de contenance. Le vertugadin en bourrelet se recouvre d'un volant froncé, puis devient un vertugadin plat, donnant à la robe une forme de tambour.

Mode années 1590

Dans les années 1600, la fraise se fait plus rare sur les portraits. Face au succès du collet monté (col Médicis), la fraise s'étiole...

Mode vers 1600

Elle continue pourtant de se porter au commencement des années 1620. Ce sont les derniers renouvellements avant sa complète disparition. Le vertugadin laissé en héritage par le XVIe siècle finira lui aussi par fondre. Quant à la coiffure, depuis le début du nouveau siècle, sa masse s'affaisse...

Mode vers 1615-1620

12 novembre 2019

Col et rabat - XVIIe siècle - Partie 1

 

Les années 1600

 

En France

 

Au commencement du Grand siècle, le col rabattu se présente plié à l'arrière du cou, mais déplié à l'avant, les pointes écartées. Cette mode née dans les années 1580 est à l'origine du développement du rabat au XVIIe siècle.

La galerie de portraits présentée ci-dessous illustre ce développement progressif qui caractérise la fin du XVIe siècle. Ce sont des portraits peints à la fin des années 90 ou approximativement vers 1600. A la quatrième image, le col présente les formes empesées caractéristiques de la première décennie du XVIIe siècle. Empesé signifie que le col a été traité à l'empois, une colle à base d'amidon. Ce traitement qui rigidifie le tissu, permet au col de ne pas s'avachir. Empesé, il conserve sa forme. 

Portraits circa 1600

 

La tendance dominante de cette époque est le déploiement en pointe sur les côtés et en conséquence l'extension du rabat au-dessus des épaules. Comme le col reste plié à l'arrière de la tête, il a cette silhouette géométrique particulière, d'aspect très pyramidal.

Galerie_1602Les trois premiers portraits ci-contre à gauche sont datés de 1602. Ceux de la galerie en-dessous sont respectivement datés de 1603 et 1604. Ils montrent l'évolution du col vers la forme d'une pyramide aux arrêtes presque droites.

galerie_1603-04

Plié au-dessus des épaules, le col empesé a une forme à trois dimensions, celle d'un tétraèdre au sommet duquel trône la tête.

circa_1603L'usage de la dentelle s'observe surtout chez les nobles (comme sur le portrait ci-contre à droite, représentant le jeune prince de Condé).

A la fin de la première moitié de la décennie, le col recouvre une bonne partie des épaules, mais sans être posé à plat. Ses bords ne font que les effleurer.

La galerie de portraits ci-contre présente les deux façons de présenter le rabat, soit tombant et relaché, soit monté et raide.

 

Puy d'Amiens de 1603Pour une étude typologique des formes du col, je vous invite à découvrir au musée de Picardie à Amiens, la série de tableaux appelés puys, offrant un ensemble de portraits représentant essentiellement des hommes et des femmes de la bourgeoisie (ci-dessous)

Puy d'Amiens de 1601A travers trois tableaux, respectivement datés de 1601, 1603 et 1605, on saisit les différentes formes du col et leur évolution dans le temps. L'étude de cette iconographie est essentielle pour contrebalancer l'approche évolutionniste qui particularise ma démarche sur ce blog.

 

 ***

Au milieu de la décennie, le col apparaît désormais en apesanteur. Il se soulève des épaules qu'il laisse apparaître. C'est le collet monté, un col empesé monté sur une armature métallique. C'est la principale nouveauté et caractéristique des années 1600 : le col est suspendu.

Galerie 1605-1610En se soulevant, le col poursuit son extension au-dessus des épaules. Il s'ouvre comme les pétales d'une fleur. Par ailleurs, il continue de se déployer en pointe. A la cour, cet aspect pointu lui donne un aspect triangulaire.

Cette silhouette triangulaire est très caractéristique de la tendance des années 1609-1610 environ. On la retrouve sur les derniers portraits du dauphin Louis (images ci-dessous à droite, représentant le dauphin avant sa montée sur le trône en 1610 à l'age de neuf ans)

Galerie 1607-1609Cette disposition en pointe se retrouve sur les gravures de l'entrée ducale d'Henri II à Nancy en 1610 (L'ordre tenu au marcher parmy la ville de Nancy capitale de Lorraine à l'entrée en icelle du serenissime prince Henry II). La gravure représentant la noblesse à cheval, offre toute une série de points de vue du collet monté, selon la position du cavalier (de face, de profil, de trois-quarts) (image ci-dessous).

Entrée ducale de 1610

Dans le cercle robin et intellectuel, moins assujetti aux vanités de la mode, les hommes portent un collet plus sobre (images ci-dessous).

Portraits de robins, 1605-1610Son style est en décalage de quelques années avec celui de la mode curiale, car sa forme ne présente pas cet aspect triangulaire vu précédemment. C'est plutôt celle des cols empesés du début de la décennie, conjugué à la forme aérienne propre aux années 1600.

religieux_c1610Evidemment, pour les plus modestes et les plus réfractaires à la mode, il y a toujours la possibilité de porter un col blanc à petit rabat, comme celui porté ordinairement par les prêtres (illustrations d'hommes d'Eglise ci-contre) ; et pour les plus austères, de ne rien porter.  

 

 

 

 

 

En Europe du Nord

 

En Angleterre, le col présente des formes moins empesées qu'en France. Le linge est plus librement disposé. Au début de la décennie, le col est posé à plat sur les épaules, quand celui de la mode française est disposé en tétraèdre.

Portraits anglais 1603-1605

Le passage à une forme montée est très bien illustré par les portraits du roi Jacques Ier d'Angleterre juxtaposés ci-dessous. Il s'agit de deux portraits présentés chacun en deux versions différentes ; que ce soit le modèle de gauche ou celui de droite, l'évolution est la même : le rabat devient suspendu.

Portraits de Jacques Ier

C'est avec cette forme de rabat que Crispin de Passe a représenté les comploteurs de la conspiration des poudres. Le point de vue de dos permet de voir la pliure du col à l'arrière de la tête.

La conspiration des poudres

 

 

 

 

 

 

 

 

Peter Paul Rubens, 1609Dans les pays du nord de l'Europe, comme aux Pays-Bas, la collet monté ne semble pas prédominant à l'inverse de la France. La mode existe, mais on lui préfère la fraise.

Dans son autoportrait Sous la tonnelle de chèvrefeuille, réalisé en 1609, le peintre Rubens se représente avec son épouse dans un cadre champêtre (extrait ci-contre à gauche). C'est le portrait souvenir de leur mariage. La pose est décontractée, et à l'image de cette atmosphère détendue, le rabat du peintre retombe librement sur les épaules. Son collet n'est pas monté. 

Portraits Europe du Nord 1605-1610

 

 

 

Les années 1610

 

 

En France

 

Anonyme, French schoolLe collet monté des années 1610 a la forme d'un plateau semi-circulaire légèrement convexe.

Le col est toujours suspendu mais il n'est plus plié à l'arrière de la tête. Il s'aplatit, se tend et adopte le contour d'un demi-cercle. Cette évolution lui fait perdre l'aspect pointu et triangulaire qu'il avait dans la tendance précédente.

Ce développement s'effectue de façon progressive, car dans les premières années de la décennie, le col garde encore sa forme de corolle évasée.

Daniel Dumonstier, Portraits d'hommes, 1610-1612 Le portrait de Guillaume de l'Aubéspine (ci-contre à droite) dessiné en 1612 par Daniel Dumonstier, présente  un col ballant, dont les bords retombent légèrement inclinés vers le bas.

Le col tend à s'aplatir mais durant toute la période de la régence de Marie de Médicis (1610 à 1614), sa forme reste encore légèrement convexe (images ci-dessous).

Collet monté vers 1615-1620

 

 

 

 

 

Le passage du collet à une forme rigide et plate se fait dans le courant de la décennie. Les trois portraits du roi Louis XIII (ci-dessous) permettent de saisir l'évolution de la tendance : le collet monté présente d'abord un col évasé, de forme convexe (vers 1610), puis, se présente comme un plateau rigide (vers 1615-1616), et enfin, ce plateau paraît s'affaisser légèrement en formant deux sortes d'ailes (vers 1618-1620 ?).

Louis XIII années 1610

 Gentilhomme français vers 1615-1620

Le  collet monté sous forme de plateau rigide est la deuxième tendance à retenir pour les années 1610. Est-ce cette forme semi-circulaire qui explique qu'on lui ait donné le nom de rotonde ? (portrait ci-contre)

On peut penser que cette tendance finit par s'imposer dans la deuxième moitié de la décennie. En témoignent les deux portraits ci-dessous à droite, qui sont datés de l'année 1618.

Collet monté plat 1610-1618

Le déploiement du col rabattu se remarque également chez les portraits des hommes de robe. Mais contrairement aux gentilshommes de la cour, le rabat des hommes de loi se porte faiblement plié et déployé plus simplement.

Le col chez les robins

 

 

En Angleterre

 

En Angleterre, la rotonde s'impose également dans les portraits des années 1615-1620 (troisième ligne de portraits ci-dessous). Au début de la décennie, la collet monté reste plié à l'arrière de la tête ou présente une forme simplement convexe (première ligne de portraits ci-dessous). Les portraits du roi Jacques Ier montre ce passage d'une ligne convexe à une forme plus raide (deuxième ligne de portraits ci-dessous).

Portraits anglais circa 1610-1612

Le roi Jacques Ier

Angleterre 1615-1618

Collet anglais 1613Le collet monté peut prendre des dispositions luxuriantes très osées. Sur les deux portraits anglais ci-contre, la rotonde est bordée de dents en dentelle en forme de languette de grande taille et pointue.

 

 

 

 

Aux Provinces-Unies

 

Aux Pays-Bas, l'on retrouve les mêmes tendances, même si la fraise prédomine encore largement. Les illustrations présentées ci-dessous appartiennent à une série de portraits d'officiers réalisés par Van Ravesteyn et conservés au Mauritshuis à la Haye. Ils répondent à une commande du prince d'Orange, ce qui explique leur homogénéité (cadragre, décor, posture et habit). Les portraits ont principalement été peints vers 1611-1612. Ils donnent un état des différents modèles de cols existant à un instant T. Je n'en présente que quatre mais le Mauritshuis en conserve plus d'une vingtaine (voir sur Wikimedia). Si la forme dominante est celle du collet monté, de nombreuses différences apparaissent au niveau de l'ornementation de la dentelle,  du degré de pliage, et de la taille du rabat. Cette présentation permet de montrer que l'étude du vêtement ne saurait se réduire à suivre l'évolution de la tendance dans le temps ; pour chaque époque, la mode se décline selon des critères sociaux-culturels multiples. Ici, la forme du col répond à un stéréotype facilement caricatural : c'est l'officier le plus jeune qui porte le col le plus ostentatoire, tandis que l'officier le plus âgé porte le col le plus sobre...
Portraits d'officiers hollandais circa 1611-1612

 

 

 

 

 

 

Les années 1620

 

 

1 - Le grand col en plateau

 

Le collet monté dans sa forme de plateau connaît son apogée dans les années vingt.

Dans le milieu curial, c'est une mode exubérante qui présente des plateaux qui font la largeur des épaules. Sa taille et la richesse de sa dentelle témoignent du degré de noblesse de son porteur et de son rang à la cour. Les quatre portraits ci-dessous sont des seigneurs de la haute noblesse française (Guise, Montmorency, Nevers, Soissons). Cette tendance se rencontre également en Angleterre et les cours d'Europe, mais on peut se demander si cette exubérance n'est pas propre à la France. Sur les portraits étrangers, les rotondes sont moins présentes et moins ostentatoires, y compris en Angleterre où la fraise à la confusion prédomine largement.

Portraits de princes français années 1620

 Le duc de BuckinghamCes deux portraits du duc de Buckingham réalisés à une date peu éloignée montrent deux styles différents de porter le collet monté. Le premier est un portrait d'apparat qui présente un grand plateau riche en dentelle ; c'est le collet monté que portent les riches seigneurs de la cour à l'occasion des cérémonies officielles. Le second portrait présente un collet plus sobre par sa taille et sa dentelle ; c'est le collet monté porté au quotidien.

Hommes d'EgliseLa rotonde n'est pas réservée à la noblesse d'épée. C'est une mode également portée par les gens de robe, hommes de loi ou d'Eglise. Le style est évidemment plus sobre, généralement sans dentelle (ci-contre portrait de l'archevêque de Paris Jean-François de Gondi, du cardinal de Guise et du cardinal de Richelieu).

Cette mode du collet monté se porte encore à la fin de la décennie. On le trouve encore représenté sur les gravures de « mode » éditées vers 1628-1629 (Couple d'elegants habillés à la mode de France par Jean Picart, 1628 et La noblesse française à l'église par Abraham Bosse, 1629).

L'essentiel de son évolution réside dans son abattement. Les deux ailes latérales s'affaissent (illustrations ci-dessous).

 col tombant

 

 

 

 

 

 

2 - Le petit rabat empesé

 

Pendant que s'achève la mode du collet monté en plateau, une nouvelle tendance fait son apparition : le petit rabat empesé.

Clese_rabutin_Bussy-RabutinA première vue, c'est une mode qui ne présente rien d'original ; probablement lassés des extravagances de la rotonde, les gentilshommes de la cour reviennent à un type de col beaucoup plus sobre, mais également à la connotation plus militaire.

Cette forme est une réminescence du collet porté vers 1600. Sa forme paraît moins pyramidale, car l'amplitude de l'angle de pliage est quasi identique à l'avant et à l'arrière du col (portrait ci-contre d'un gentilhomme français habillé en tenue militaire vers 1625).

Il s'agit d'un rabat empesé, c'est le traitement du tissu à l'empois qui permet à la pièce de retomber de façon raide au-dessus des épaules. Le rabat n'épouse pas la forme du cou, mais survole les clavicules.

Sir Thomas Meautys en 1626Cette tendance trouve peut-être son origine en Europe du Nord. C'est le type de rabat que l'on rencontre souvent sur les portraits des chefs militaires aux Pays-Bas ou en Allemagne (galerie de portraits ci-dessous). Le vêtement est plus commode à porter sur le champs de bataille.

L'Europe du Nord a également connu la rotonde (dans des dimensions raisonnables) mais dans le courant des années 1620, les bords du rabat s'affaissent. La galerie de portraits ci-dessous l'illustre : le premier portrait représente Ernst von Mansfeld, commandant illustre de la guerre de Trente ans, peint pendant son séjour à Londres en 1624. Les autres portraits sont datables de la seconde moitié de la décennie.

Chefs militaires d'Europe du Nord Années 1620

Col

A fin de la décennie, ce petit col en dentelle se transforme. Il s'agrandit, au point que les dents qui le bordent touchent les épaules. Il garde son effet aérien, car il n'épouse par la forme du pourpoint qu'il ne fait qu'éffleurer. Il reste un collet empesé.

Peu à peu, il s'étale, donnant naissance au grand col rabattu. En un temps très rapide, il va devenir ce grand rabat de dentelle si caractéristique du costume masculin de l'époque dit Louis XIII.

La transition s'effectue dans les années 1628-1630. Le rabat prend d'abord une silhouette carrée (1629)

La noblesse à l'église - 1629

 

 

 

 

 

 

Les portraits anglais présentent toujours un col au tissu relâché, faiblement ou pas empesé (ci-dessous).

Angleterre 1628-1630

 

 

 

 Les années 1630

 

 

En France

 

Exemple de rabat (1632)

Le grand col de dentelle est emblématique du règne de Louis XIII. Il n'existe pourtant que dans la troisième et dernière partie de son règne (1630-1643), celle des années les plus glorieuses. Hasard des dates, son usage colle parfaitement avec les limites de la décennie. De 1630 à 1640, le col rabattu s'étale sur toute la longueur les épaules et n'en bougera pas.

Le grand rabat de dentelle ne reste pourtant pas une mode figée. Pendant ses dix années de règne, il présente différentes tendances, qui se distinguent par les formes et le nombre des dents qui le bordent, ou bien par les formes et la disposition des motifs de dentelle.

France, circa 1630-1635

France, circa 1635-1639

France, circa 1630-1639

 

 

 

 Aux Provinces-Unies

 

Aux Pays-Bas, la mode des années 1630 est également marquée par la prédominance du rabat. Bien qu'aux Pays-Bas, la fraise à la confusion ait connu un grand engouement, elle finit par s'effacer au profil de ce dernier.

Cette évolution peut s'observer sur les portraits des édiles. Les deux tableaux présentés ci-dessous en constituent un exemple ; ils ont été peints à trois années d'intervalle. Sur le tableau de 1633, seuls 2 hommes sur 7 portent un rabat (et, un seul seulement porte le grand rabat en dentelle). Sur le tableau de 1636, c'est l'inverse, seuls 3 hommes sur 15 portent la fraise. La juxtaposition des deux images permettrait ainsi de situer aproximativement au milieu des années 1630, le mouvement de bascule où la mode du rabat supplante celle de la fraise. Il reste à vérifier si cette illustration peut être généralisée et si elle s'applique aussi bien en dehors du milieu politique. 

 1633-1636_Pays-Bas

La comparaison des deux tableaux permet également de relever les deux principales tendances formelles de cette époque : la première est l'extension du rabat au-dessus des épaules et la seconde est le retrait de la dentelle qui est releguée aux bords et dents du rabat.

Tendance 1 : extension et rétraction

L'extension se constate dès le commencement de la décennie. Elle est progressive et atteint son apothéose au milieu de la décennie. Entre 1635 et 1637, le rabat est si large qu'il dépasse des épaules et s'affaisse sur le partie supérieure des bras (4e ligne de portraits ci-dessous). A partir de 1637 environ, la tendance s'inverse ; le rabat connaît un reflux progressif. Dans les trois dernières années de la décennie, il se réduit en largeur mais sans pour autant revenir à la taille qui était celle de l'année 1630 (5e ligne de portraits).

Provinces-Unies_1630-1632Provinces-Unies_1632-1634Provinces-Unies_circa_1635Provinces-Unies_1636-1637Provinces-Unies_1637-1639

Tendance 2 : Épanouissement et retrait de la dentelle

Le deuxième effet de mode visible concerne l'utilisation de la dentelle. Après une période d'excès où la dentelle recouvre les trois quarts de sa surface (2e et 3e lignes de portraits ci-dessus), la tendance revient à un style plus sobre. Dans la seconde moitié de la décennie, la dentelle est releguée aux rebords du rabat (4e et 5e lignes de portraits ci-dessus). Aux années luxuriantes, succède une ornementation relativement plus mesurée où les tombants du rabat se présentent sans dentelle.


1630-1640 Cette disposition apparaît plus rarement sur les peintures du début de la décennie ; ce qui signifie pas qu'elle n'était pas portée : il en est un exemple avec le portrait de cet officier militaire (premier portrait ci-contre, daté de 1631). La juxtaposition des trois portraits montrent l'évolution de la forme.

En revanche, les portraits de la seconde moitié des années 1630 présentent presque exclusivement ce retrait de l'ornementation ; c-dessous, dans une forme très épurée : 

Provinces-Unies_1635-1639

En parallèle, le rabat blanc sans rebords et sans dentelle se porte durant toute la décennie. Il n'y a que sa taille qui permet de le dater approximativement.

Provinces-Unies_rabat_blanc

 

 

Les années 1640

 

 En France

 

Modèle en dentelle

Au début des années 40, la taille du rabat se raccourcit, laissant les épaules à découvert. Le grand col de dentelle tombe en désuétude. Au fil des années, il se rétrécit au point de revenir à la taille d'un simple petit col rabattu sur le cou. Ces évolutions se retrouvent assez bien résumées sur ces portraits successifs du duc Charles-Emmanuel II de Savoie (1634-1675), cousin de Louis XIV (galerie d'images ci-dessous).

Charles-Emmanuel II de Savoie de 1640 à 1650.

 

Homme attribué à Eustache Lesueur, vers 1640

Le point de départ de cette mode est le relâchement du rabat au-dessus de la poitrine (image ci-contre : portrait d'homme attribué à Eustache Lesueur, musée du Louvre). Il présente un pli sous une forme d'ondulation qui contraste avec le rabat lourdement empesé et applati qui prévalait dans la mode précédente. Ici encore, c'est l'effet de négligence qui dicte la tendance.

Cet effet se remarque sur les portraits français dès la fin des années trente (le portrait peint par Eustache Lesueur ci-contre est peut-être un tableau peint à la fin des années 30).

 

 

 

Une autre tendance marque le début des années 1640, c'est celle du raccourcissement du rabat dans sa longueur. En se retirant des épaules et en s'avançant sur la poitrine, le rabat adopte une ligne carrée (galerie d'images ci-dessous).

Le rabat vers 1640

Louis XIV vers 1643Dans le deuxième quart de la décennie, la rabat de dentelle continue de se réduire. Ce rétrécissement peut se mesurer au nombre de dents lobés qui ornent le rebord ; le rabat passe ainsi de huit à six dents sur le devant de la poitrine. C'est la forme que porte Louis XIV sur un portrait où il est encore revêtu de sa robe d'enfant, soit vers 1643 (image ci-contre : extrait d'Anne d'Autriche, reine de France et ses enfants, Château de Versailles).

C'est aussi le rabat porté par les grands officiers de la Couronne à la fin du règne de Louis XIII (galerie d'images ci-dessous : portraits de Lesdiguières, Cinq-Mars, Tréville, Longueville). Au commencement du règne de Louis XIV, le grand rabat de dentelle a disparu des portraits de cour.

Le rabat vers 1642-1644

 

Le luthier par CossiersL'une des caractéristiques du rabat de cette époque est la forme lobée des dents qui le bordent. La tendance des bords très découpés avec des dents en arc outrepassé cède définitivement la place à un style beaucoup plus sobre, fait de lobes arrondis (image ci-contre à droite : portrait d'un luthier par le peintre flamand Jean Cossiers)

Beaufort vers 1645-1649Au fur et à mesure du temps, la délimitation des lobes est de plus en plus discrète. C'est la conséquence du raccourcissement du rabat qui limite le développement des saillies décoratives (image ci-contre à gauche : portrait du duc de Beaufort par Nocret avant 1649, musée des beaux-arts de Baltimore).

Dans la deuxième moitié de la décennie, le rabat passe de six à quatre dents sur le devant de la poitrine (galerie d'images ci-dessous).

Le rabat vers 1646-1650

annee_1648_1650

 

 Le modèle sans dentelle. 

Le rabat sans dentelle présente une évolution plus compliquée à saisir, car en se réduisant il rejoint les formes simples qui habillent les personnes qui ne suivent pas la mode. Il suffit de voir les scènes de genre peintes par les frères Le Nain pour se rendre compte de la pluralité des modèles.

Son évolution est comme pour le modèle en dentelle : retrait des épaules, avancée au-dessus de la poitrine, effet d'ondulation, puis réduction générale (galerie de portraits ci-dessous).

Année_1640_col_blanc

N_Hals_Descartes_Louvre_MRNC'est de cette tendance que naît dans le courant de la décennie une forme rectangulaire très caractéristique  ; en se réduisant uniquement sur les cotés, le rabat présente une forme allongée non plus aligné sur les épaules mais perpendiculaire à elles, pendu au-dessus de la poitrine (galerie de portraits ci-dessous).

C'est ce qui aboutit au modèle porté par le fameux portrait de René Descartes peint d'après Frans Hals vers 1649 et aujourd'hui conservé au musée du Louvre (image ci-contre).

Année_1640_col_blanc

Parallèlement à cette mode, il existe pour les notables un modèle plus conventionnel présentant un tissu empesé de façon si rigide qu'il ne présente pas - ou peu - cet effet d'ondulation sur la poitrine. C'est le rabat à la fois sobre et distingué que portent les hommes de loi. En se raccourcissant, il a cette forme classique presque intemporelle qui rend difficile la datation par l'habit des portraits l'arborant.

années40_colblanc_loi

ediles_1643-1648L'étude des portraits des édiles (échevins de Paris, consuls de Narbonne, capitouls de Toulouse) montre que ce modèle suit la tendance à sa façon et que pour les années 1640, il se réduit également au point de revenir au petit col blanc.

 

 

 

 

Aux Provinces-Unies

 

1640-1642En 1640, la ligne du rabat présente deux axes de déplacement. Le premier concerne le retrait des épaules et le second, son allongement sur la poitrine : le rabat se réduit en longueur en même temps, qu'il s'avance en largeur. Cette combinaison lui donne une ligne carrée qu'il va conserver pendant toute la première moitié de la décennie.

Cet effet est très marqué sur les portraits peints vers 1640-1642 (galerie de portraits ci-contre).

Parallèlement, le rabat continue son rétrécissement amorcé vers 1636-1638. Il se réduit progressivement d'un à deux centimètre par an environ. Les premières lignes de portraits ci-dessous illustrent cette évolution. Dans la seconde moitié de la décennie, le rabat se réduit à quelques centimètres de largeur.

Au sein de cette tendance, le rabat se présente soit de façon empesée et raide (comme sur nombre de portraits de Frédéric-Henri prince d'Orange), soit de façon souple et relachée (comme la grande majorité des portraits ci-dessous).

 Provinces-Unies, 1640-1645 ligne 1Provinces-Unies, 1642-1643 ligne 2Provinces-Unies, 1642-1643, ligne 3Provinces-Unies, circa 1647, ligne 4Provinces-Unies, circa 1648, ligne 5Provinces-Unies, 1648-1649, ligne 6

 

On trouvera la même évolution pour le rabat sans dentelle :

Provinces-Unies, 1642-1643Provinces-Unies, 1645-1647Provinces-Unies, 1649

 

 

 

 

 

 

18 février 2014

Pogonologie aux XVIe et XVIIe siècles


A la Renaissance, la barbe et la moustache sont des aspects incontournables de la mode masculine. Après une fin de moyen age très glabre, la barbe revient en force dans les cours européennes. Le changement s'opère dans les dernières années de la décennie 1510. Il touche d'abord la noblesse qui pour se distinguer des hommes du peuple mal rasés, porte une barbe pleine, fournie et entretenue. Puis au fur et à mesure des décennies, par des processus d'imitation sociale, la mode gagne le clergé et les hommes de loi qui l'avaient d'abord rejetée et condamnée.

Les formes qui se déclinent pendant le XVIe siècle sont diverses (carrée, ronde, en pointe, épaisse, taillée, rase, etc.). Au début du XVIIe siècle, la barbe se porte sous l'aspect d'un bouc et d'une barbiche puis elle finit par disparaître durant la première moitié du Grand Siècle. La moustache lui survit jusque dans les années 1670.

Cet article a pour but d'en faire une petite présentation schématique. N'est donné ici qu'un cadre global de la mode pilaire des gentilshommes, celle que suivent les courtisans et jeunes élégants de la cour de France.

Barbes et moustaches XVe-XVIIIe sièclesCet article servira d'introduction à d'autres publications. Je reviendrai pour présenter en détail les modalités de transformation de la barbe et tenter d'évoquer la diversité des pratiques. Pour toute référence sur le sujet, je signale l'excellente étude de Jean Marie Le Gall, intitulée Barbes et moustaches, XVe-XVIIIe siècle, publiée chez Payot en 2011. Le lecteur y trouvera une cascade d'exemples, sur la manière dont était ressentie la barbe à cette époque, sur son rôle social, sa condamnation par les religieux, son caractère subversif, son aspect politique, etc.

Evolution de la barbe et de la moustache aux XVIe et XVIIe siècles

 

 

Les années 1530 : la barbe carrée

 années 1530 : la barbe carrée

Les années 1540 : la barbe à deux pointes

années 1540 : la longue barbe à deux pointes

 Les années 1550 : la barbe ronde

années 1550 : de la barbe ronde à la barbe taillée

Les années 1560 : de la moustache tombante à la grande moustache relevée, de la barbe taillée à la barbe rase

années 1560 : la barbe taillée et la grandee moustache

 Les années 1570 : du bouc à la mouche

années 1570 : grande moustache relevée / du petit bouc au toupet au menton

 Les années 1580 : de la barbichette au grand bouc

années 1580 : de la barbichette au grand bouc

 Les années 1590 : du long bouc pendant à la grosse barbe touffue

années 1590 : le grand bouc pendant à la grosse et longue barbe

Les années 1600 : la barbe ronde (et la moustache toujours relevée)

années 1600 : la barbe ronde

Les années 1610 : du petit au grand bouc pointu

années 1610 : la petite barbe pointue

 Les années 1620 : le grand bouc pointu en forme de dard

années 1620 : le long bouc pointu

Les années 1630 : la barbiche à la royale (et la moustache toujours relevée)

années 1630 : la barbiche à la royale

 

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Le costume historique